France Gall est amoureuse de son public

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Au pied du boulevard périphérique et au bout d’un terrain vague comme on en trouve encore dans Paris, se dresse une structure gris acier, sorte de gigantesque pouf cubique qu’aurait gonflé là un géant en mol de mobilier.

C’est le dernier temple de la musique, le Zénith, qui, depuis le 11 septembre, accueille dans ses flancs France Gall, ses musiciens, ses danseurs, ses éclairages et tout le bonheur que lui apporte chaque nouveau spectacle.

“C’est toujours un moment extraordinaire, le seul où je puisse rencontrer les gens qui me suivent, achètent mes disques et comprennent ce que je dis dans mes chansons. Je voudrais même pouvoir aller les accueillir à la porte.”

Et, ce moment, il ya plus d’un an qu’elle le prépare, ne serait-ce que pour réserver cet endroit. “Je n’ai pas hésité”, lance-t-elle enthousiaste, d’abord parce qu’il a été construit pour faire de la musique. Et puis, je m’y suis tout de suite sentie bien. J’ai suivi la construction de cette salle, j’ai été à son inauguration; j’y ai vu Renaud et, à chaque fois, j’ai adoré. Je trouve extraordinaire cet espace complètement vide qu’on doit traverser pour arriver au Zénith. Regardez, on se croirait en l’an 2000. »

Il a fallu ensuite choisir les musiciens (car son dernier album, “Débranche”, a été entièrement réalisé avec un synthétiseur qui remplaçait presque tous les instruments) et les collaborateurs. J’ai une certaine tendance à la fidélité, souligne-t-elle, mais pour apporter un sang neuf, il faut savoir renouveler . Délicate opération quand on affirme ne vouloir que les meilleurs et quand on se soucie également de leur bon caractère.

France, dans un éclat de rire, avoue : “Je ne peux être entourée que de gens qui sont des amours. sinon, il y a un malaise. J’ai besoin d’une harmonie complète. Il faut que je les aime et qu’ils m1aiment, qu’ils soient heureux. avec une très grande envie de faire ce spectacle.”

Tant d’efforts ne sont pas vains, puisqu’ils sont le cadeau offert à un public qui est, selon France, d’une qualité extraordinaire. “Très intelligent. Je n’ai jamais vu un public donner autant que celui qui vient me voir ou qui vient voir Michel Berger. Sur scène, je le ressens très très fort et, à la fin du spectacle, c’est à celui de nous deux qui donnera le plus …

Après la scène, une grande tournée et, début décembre, France ôtera sa casquette de femme de spectacle pour redevenir une maman et une maitresse de maison.

“J’allais dire une femme normale”, ajoute-t-elle en riant. Car elle n’aime pas mélanger les genres. Lorsqu’elle chante, elle fait en sorte que ses enfants soient très entourés, mais ils ne l’accompagnent pas.

En revanche, dès que c’est fini, je ne veux rien faire d’autre que d’être avec eux.

Avec Pauline, bientôt six ans, et Raphaël, trois ans, elle exerce le métier qu’elle préfère entre tous, celui de mère de famille.

“C’est ce qu’il y a de plus important pour mol, mais je crois que si je suis une maman très heureuse, c’est que justement, en contrepartie, j’ai réussi ce que j’aime”. Maman heureuse et très attentionnée, à la limite parfois de l’inquiétude systématique. A l’exception d’un séjour en Chine, “On ne peut malheureusement visiter ce pays en trois jours”, – elle ne part jamais en voyage pour ne pas les quitter : J’attends qu’ils soient grands pour pouvoir les emmener avec moi.” Car, pour l’instant, pas question de leur faire quitter les limites du territoire national (à part quelques incursions en Suisse pour des vacances de neige). Les avions, les décalages horaires, je ne veux pas, s’exclame-t-elle. Ça pourrait peut-être très bien se passer, mais je suis moi-même quelqu’un qui se fatigue vite et je m’en fais toute une montagne.»

Entre deux galas, France redevient maman

Pour l’instant, France prend la plus grosse part de la charge éducative. C’est moi qui les prends en main, c’est moi qui punis. Michel sera un papa merveilleux pour plus tard, pour l’éducation solide. Mais je les considère encore comme des bébés. Et qu’ils aillent à l’école n’y change rien. Raphaël vient d’y faire sa rentrée, en même temps que celle de maman au Zénith, tout comme Pauline avait commencé il y a deux ans et demi, le jour de sa première au Palais des Sports. (J’ai voulu qu’elle vive quelque chose en même temps que moi. Mais, même si finalement elle adore l’école et sa maitresse, ça a été un moment terrible. Ma fille est comme moi émotive et hypersensible. Elle était terrifiée. Et c’est moi qui pleurais dehors. Mon fils, lui, est très différent. Il va foncer, c’est un Bélier. Et l’activité de maitresse de maison la retient tout autant. J’ai une passion pour la maison. J’adore la mettre en fête, faire des diners, répondre de bonnes odeurs, fabriquer des bouquets, préparer plein de choses.»

L’année 1985, outre ce changement de casquette, va sonner également l’année Michel Berger. Car dans ce couple tout harmonie, c’est l’alternance qui règne. C’est formidable de pouvoir suivre l’autre. Moi, j’adore ce métier et ce n’est pas parce que ce n’est pas moi qui le fais que je l’aimerais moins. Je suis aussi passionnée à préparer un spectacle de Michel que l’un des miens.»

A son tour, comme Michel, dans son ombre, s’applique à régler tous les détails du spectacle de Fronce, elle va s’attacher à ses pas, à son service. Entre nous, conclut-elle sereine, pas de guerre, pas de rapports de force. La seule différence, c’est que chacun de nous est dix fois plus angoissé lorsqu’il s’agit du spectacle de l’autre : on devient impuissant, il y a un moment où l’on ne peut plus rien faire pour l’aider.

MICHELE LANTERI – PHOTOS JACQUES BOURGUET

Magazine : Télé 7 Jours
Date : 28 Septembre 1984
Numéro : Inconnu

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