France Gall rouge de plaisir

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Je ne peux pas croire que ce soit possible une chose pareille. C’est dingue ! C’est tellement d’émotion ce moment.

“Vous savez que ça fait six ans qu’on ne s’était pas vus ? Eh bien, la plus belle chose qui me soit arrivée depuis, c’est ici, à Bercy, maintenant.”

Elle est apparue à contre-jour entre ses quatre musiciens ; elle a rejoint avec eux le devant de la scène, et plus elle avançait, plus la lumière soulignait sa blondeur, plus elle semblait petite, toute petite sous la clameur de son public retrouvé.

Tout est simple. Le décor aux gradins rouges, juste rehaussé de tentures dans la seconde partie, le jeu des éclairages éparpillant leurs étoiles blanches dans les cintres, et cette façon qu’a France Gall d’être en contact avec la salle, de lui parler longtemps, puis de se retirer dans ses chansons, pensive, concentrée, assurant le rythme de son poing fermé, Ce qui frappe chez elle, c’est cette nonchalance sans mélancolie qui l’accompagne dans ses mélodies. Même ses tenues sont sans apparat : un pull long et rouge sur un justaucorps et un pantalon noirs, d’abord ; une tunique et un pantalon gris clair ensuite.

“Il faut que je vous dise, souffle-t-elle après avoir lancé au front une salve de ses chansons nouvelles émaillée d’une version différente, plus souple, de “Cézanne peint” : pour un rendez-vous comme celui-ci on a envie de se faire belle. Alors j’ai voulu une robe ; je la voulais rouge, dans un tissu extraordinaire. J’y ai pensé des nuits et des nuits et, quand je l’ai essayée, hier pour la première fois, je me suis rendu compte qu’elle me grossissait ! Alors je suis venue vers vous comme ça, nature.”

Mais elle la montre tout de même, pour le plaisir. Elle la tient serrée sur sa poitrine. Elle tourne avec elle. C’est une robe courte avec des reflets de velours satiné. C’est une robe de la joie de vivre, écarlate dans les Paradis Blancs. Puis elle enchaîne avec “Evidemment” et tout Bercy chante avec elle, reprend au refrain, tandis qu’elle n’en finit pas de dire, presque tout bas, comme en écho à sa propre voix “qu’on rit toujours comme des enfants, mais plus comme avant”.

Pierre Vavasseur – Photo “le Parisien” Philippe Lenglin

Magazine : Le Parisien – Edition de Paris
Date : 11 et 12 septembre 1993
Numéro : 15245

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