Un rêve passe

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En deux temps et deux mouvements, la chanteuse blonde retrace les meilleurs moments de sa carrière.

Une déclaration d’amour.

“Ca fait bien six ans que je n’étais pas montée sur scène et la plus belle chose qui me soit arrivée depuis, c’est de me retrouver ici ce soir sur cette scène”. Pour pouvoir prononcer cette phrase rituelle, la même chaque soir, France Gall a dû mettre un peu d’ordre dans un parterre indiscipliné où des spectateurs vite debout nuisaient à la visibilité de leurs voisins sagement assis.

“Quel chantier !”, s’est écrié la blonde chanteuse, l’air lassé. Le Zénith qui enregistrait hier soir son premier plein de la saison (version assise : 4.000 spectateurs) l’encourage.

On savait que ce concert serait chargé d’une atmosphère particulière. Cette émotion fut palpable dès les premières minutes. Quand France Gall est arrivée en chantant “Laissez passer les rêves”. A une seule voix. La seconde, absente, celle de Michel Berger, était dans tous les esprits. Le souvenir du compagnon disparu qui a guidé la plus grande partie de sa carrière devait planer tout au long du concert. Mais sans que celui-ci se transforme un seul instant en mausolée.

De France Gall sur scène, on conservait le souvenir de son “Tour de France”. Etape à grand spectacle où la petite reine virevoltait parmi une douzaine de musiciens et choristes.

Son nouveau tour de chant a une dimension beaucoup plus intime. C’est un quartet de vieux complices qui l’entoure. Avec Jannick Top, le bassiste le plus populaire de France (il officie en outre aux côtés de Johnny). Le décor est sobre. Un gradin recouvert d’un drap blanc évoque le “paradis blanc” de Michel Berger. Des rideaux rouges et un kaléidoscope de lumières pour des ambiances music-hall. Des smurfers pour la figuration.

Le concert se déroulera en deux temps et deux mouvements. Les titres du dernier album (“Bats-toi, Bats-toi”, “Superficiel et léger”) et déjà de nombreuses reprises (“Cézanne peint”. “Evidemment”, “Débranche”) composent le premier jusqu’à l’entracte. Le tempo est soutenu, les guitares saturent. La voix de France martèlent les paroles. Ses gestes sont saccadés. Un peu convenus. Comme toujours.

Petit intermède amusant.

La chanteuse exhibe la robe de scène en dentelle qu’elle n’a pas souhaité mettre “parce qu’elle me grossissait”, lui préférant un habit “nature”. France colle l’étoffe rouge à son corps. Sifflets dans la salle.

Le second mouvement, après la pause, sera plus acoustique, plus jazzy. Un piano a été installé sur scène à la place des claviers. C’est le temps des ballades. Des briquets. Des frissons. De la “déclaration d’amour”. Des reprises de Michel Berger. De “Si maman si” prolongé par les voix féminines du parterre. Et puis : “Il jouait du piano debout”, “La minute de silence”, encore du Michel Berger, pour laquelle France demande un moment de recueillement. “Cette minute de silence est pour nous deux.”

Silence rompu par “Tout pour la musique”, enchaîne France Gall, toujours là … ment et profession de foi qui sonne le temps des rappels. Les smurfers débarquent en nombre pour le final comme dans une émission de variété. “Mademoiselle Chang”. “Ella, elle l’a” en version énergique. La foule exulte.

Un dernier retour sur scène et France tire sa révérence. Le rêve est passé.

Jean-Marie GAVALDA

Magazine : Midi Libre
Date : Novembre 1993
Numéro : Inconnu

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