France Gall a su relever la tête parce qu’elle le sent toujours auprès d’elle !

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C’est alors que des détails jusque-là inconnus de la vie du compositeur surgissaient.

Qui savait qu’à seize ans, il avait sorti son premier disque et que cela lui avait permis d’être assis parmi les grands, en 1963, sur le célèbre poster de Salut les Copains ?

Qui pouvait raconter, sinon ses proches, que Bourvil avait été son premier interprète et qu’il lui avait offert une chanson intitulée Les Girafes ?

Deux ans après sa mort, Michel Berger reste incroyablement présent et nous fredonnons tous ses chansons. TF1 lui consacre une émission le samedi 30 juillet, à 20 h 45 dans la série Destins brisés. Ses amis, Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Philippe Labro, entre autres, viendront témoigner, raconter l’homme qu’il était. Et bien sûr France Gall. France la courageuse, qui a continué la vie, le spectacle. Malgré le drame, malgré ses problèmes de santé. Elle vient d’être décorée de la Légion d’honneur. Pour ce qu’elle a donné à notre pays et pour tout ce qu’elle a fait afin qu’à l’étranger on connaisse le talent de son mari, le créateur de Starmania, celui dont elle a écouté un jour la musique et qu’elle a voulu rencontrer.

“J’ai eu un grand choc, a-t-elle raconté. Il disait des choses que je ressentais complètement. Comme si c’était moi qui avais écrit ses chansons.” Mais c’était lui. Et pour elle, il en a écrit bien d’autres. Elle est ainsi devenue “La groupie du pianiste”, en 1979, alors qu’elle était, pour le meilleur et pour le pire, sa femme depuis 1976.

Deux ans déjà … Et grâce à Michel Berger, il existe toujours une Rock’n roll attitude et Quelque chose de Tennessee, des compositions qu’il avait offertes à Johnny Hallyday.

Un curieux destin que celui de Michel. Comme si, avec France, ils avaient eu une prémonition. Quelques mois avant de se séparer pour toujours, ils avaient enregistré ensemble Double Jeu. Leur premier album en duo. Et puis, en février 92, le professeur Jean Hamburger disparaissait. Il était le père de Michel qui reprenait une de ses phrases. Aujourd’hui, elle résonne encore à nos oreilles : “La plupart des mécanismes de la vie connaissent des ratés. La mort, jamais.”

France, après la douleur immédiate, a relevé la tête. Alors qu’on la voyait déjà sombrer dans la dépression, tourner le dos au spectacle, celle qu’on avait cru n’être, il y a longtemps, qu’une “poupée de cire”, a montré qu’elle était une femme de caractère. A force de volonté, elle a combattu son chagrin et elle a fait face. Dignement. Presque avec le sourire. Elle a même affronté Bercy où le public l’a récompensée par le nombre de spectateurs et par ses applaudissements.

Elle savait aussi que Michel était là, quelque part dans la salle, et qu’il la soutenait. Elle avait confié alors au magazine Elle : “Selon Michel, après la mort, il n’y avait rien. J’étais plutôt d’accord. Mais penser que mon mari, avec toute la beauté qui l’habitait, est dans un cercueil et que tout s’arrête là m’est insupportable.”

France s’est tournée vers la spiritualité et la foi. Pour croire encore et toujours que Michel est auprès d’elle, de sa fille Pauline, qui a seize ans, de son fils Raphaël, qui en a quatorze.

Pour nous qui n’avons connu Michel Berger que sur une scène, à la télévision ou en écoutant un disque, c’est sans doute plus facile. Il nous suffit d’entendre sa voix, de fredonner un de ses airs, de répéter ses paroles pour le sentir présent. Deux années d’absence n’ont rien changé. Sauf que nous aurions sincèrement aimé qu’il nous écrive encore d’autres textes pour nous faire rêver, pour nous donner envie de jouer “du piano debout”, et pour que nous ayons toujours au cœur “quelques mots d’amour”.

Claude BENJAMIN

Magazine : Ici Paris Magazine
Date : 27 juillet au 2 août 1994
Numéro : 2560

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