Je n’ai plus peur de rien !

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Un nouveau disque, “France”, un spectacle à l’Olympia du 5 au 16 novembre, une tournée en province et un “Taratata” en prime, avec sa façon de chanter désormais plus grave, avec les musiciens de Prince et de Sting, avec une volonté de surprendre et une envie profonde de retrouver le public, France Gall semble avoir retrouvé l’harmonie de la vie.

Ce retour sur scène, vous l’appréhendez ?

Je l’attends avec impatience. Je ne suis pas traqueuse. Quand on fait un métier qu’on aime et que les gens qui viennent vous voir le font parce qu’ils vous aiment, pourquoi avoir peur ? D’autant plus que je n’ai rien laissé au hasard. J’ai préparé mon spectacle minute par minute et je me suis entourée du claviste de Sting et des musiciens de Prince, les meilleurs du monde.

Comment avez-vous eu l’idée d’aller les chercher ?

Déjà pour Bercy, il y a trois ans, je m’étais entourée d’une bande de jeunes des banlieues. J’aimais leur style de vêtements, leur façon de parler, de se mouvoir. .. Cette fois, je voulais pour la musique de Michel la crème des musiciens. Et ça tombait bien, car les petits gars de Minneapolis étaient non seulement les meilleurs, mais ils ont ce genre que j’aime!

Quel a été le contact entre les compositions de Michel et leur interprétation ?

Magnifique. Quand ils jouent, c’est tellement naturel qu’on croirait que Michel a composé pour eux. C’est du pur funk ! Et c’est aussi l’esprit de mon spectacle.

Et quelles sont vos relations avec ces musiciens américains ?

C’est une love story ! On s’entend bien, on rigole, on s’amuse. Je n’ai envie que d’être avec eux. Ils m’offrent des fleurs. Je leur fais découvrir la France et aussi une façon de travailler différente.

Laquelle ?

Je les laisse s’exprimer, créer. Du moment qu’ils ne dénaturent pas la musique de Michel. Je veux que chacun apporte ses idées.

Et vous partez en tournée ensemble ?

Évidemment ! Et on ne se quitte pas. Je prends le bus avec eux et je descends dans les mêmes hôtels qu’eux, et le soir après le spectacle on dîne ensemble. Et si on veut sortir danser, on y va ensemble ! Mais eux qui n’ont jamais travaillé qu’avec Prince, au début ils ont presque été choqués. Ils m’ont dit : « Mais on croyait qu’en France tu étais une star … »

Vous ne chantez que des chansons de Michel Berger ?

Je ne me vois pas chanter autre chose. Elles sont belles, elles me correspondent. Il n’y a pas un mot avec lequel je suis en désaccord. Quand on a eu le bonheur d’avoir quelqu’un qui écrivait en fonction de vous, on devient hyper-difficile. Peut-être que je serais obligée en­suite de me tourner vers l’écriture.

Vous en avez envie ?

J’ai envie d’essayer. Je n’en attends pas grand-chose … Mais on n’est pas à l’abri d’une bonne sur­prise non plus ! Et puis, sinon, je pourrai me lancer dans la production en studio ou sur scène. Car finale­ment, l’ombre dans ce métier me convient très bien. Je suis quelqu’un de très discret.

Une attitude aux antipodes de la scène et de ses sunlights …

Là, c’est le seul endroit où je m’exprime naturellement avec mon don.

Pourquoi avoir repris sur votre album “Message Personnel” chanté et coécrit par Françoise Hardy ?

Parce que je la considère comme l’une des plus belles chansons. Comme cet album va être commer­cialisé au Brésil, au Japon, en Allemagne, je voulais que les étran­gers découvrent le meilleur de Mi­chel.

Pour revenir à votre spectacle à l’Olympia, comment va-t-il se dérouler ?

Il sera plein de surprises ! Jean­-Louis Berthet a recrée pour moi sur scène une partie du studio de Mi­chel. Je m’y sens formidablement à l’aise, mais sans nostalgie. Question chorégraphie, je serai moins fofolle que la dernière fois à Pleyel. Mais avec mes musiciens, ce sera cool, sympa. Comme une ambiance de répétition… Où l’on jouera même « Sex Machine ».

Vous allez chanter la chanson de James Brown !

Non, mes musiciens s’en charge­ront ! Pendant ce temps, j’irai me changer ! On m’a reproché de gar­der toujours la même tenue en scène. Alors grâce à Girbaud et Philippe Forestier qui ont créé mes vêtements et ceux des musiciens, le spectacle sera plus sophistiqué.

Spectacle, CD, tournée, tout a été organisé selon votre travail et vos choix. Il s’en dégage une harmonie qui vous ressemble. Peut-être parce que vous avez su surmonter toutes vos épreuves ?

J’ai compris que les épreuves sont faites pour que l’on se pose des questions. Si on se les pose, c’est bon. Maintenant je n’ai plus peur de rien.

Propos recueillis par Elisabeth Perrin

Magazine : TV magazine (cahier national Le Figaro) + TV magazine (cahier national Midi Libre)
Date : Novembre 1996
Numéro : 16240 – 18671

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