Voilà … voilà … France Gall
(Presse ) Télé Poche

Pour déchiffrer son courrier, signer des autographes, France Gall porte à présent des lunettes.

Un air à la manière de Sylvie Vartan …

Cela n’altère en rien son attitude juvénile mais confère à son regard une assurance qu’elle a acquise pour plusieurs années de travail. Sourire, sérieux, sagesse, sérénité : les quatre “s” qui mènent ou triomphe.

En Amérique, elle est la « Little french Doll » ; au Japon, des millions de personnes achètent les disques de « la petite Poupée aux cheveux de soleil » ; en Europe, tous les pays la sollicitent, et la France, qui l’a lancée, garde à France Gall une place méritée au royaume du music-hall. Et, puisque dimanche 27 aout, à 20 h 30, sur la deuxième chaine, dans l’émission « Voilà, voilà », nous la reverrons, nous sommes allés lui demander qui était cette jeune fille de vingt ans et comment elle était arrivée à s’imposer.

Avec un grand-père, Paul Berthier, organiste à la cathédrale d’Auxerre et fondateur, avec Mgr Maillet, de la chorale des Petits chanteurs à la croix de bois. Avec une maman pianiste, Cécile, qui n’a pas fait de carrière professionnelle, mais qui a toujours joué pour sa petite fille. Avec un père parolier, Robert, qui a écrit des « tubes », pour ne citer que « la Mamma ». Avec des frères jumeaux, Patrice et Philippe, musiciens … Comment France Gall aurait-elle pu sortir du « clan » familial, pour faire sa médecine, par exemple ?

– Il n’a jamais été question, dit-elle, de faire autre chose. Aussi loin que je me souvienne, je me revois chantant toute la journée, imitant les vedettes, enregistrant au magnétophone les succès du moment, créant avec mes frères un groupe (guitare-basse-chant) qui n’avait alors comme public que les parents et les amis. Mais il ne faut pas croire que tout a été simple. Mon père était d’accord pour que j’essaie de faire « carrière », mais il refusait d’entendre parler de quoi que ce fût avant mon bachot. Il était catégorique et, à la fin de ma classe de troisième, j’ai enregistré mon premier disque. Nous nous amusons encore beaucoup, avec papa, de ce souvenir.

Après ce premier disque. France Gall était quand même entrée en classe de seconde au lycée Paul Valéry, mais le succès était si grand, les sollicitations venaient en si grand nombre que cette jeune élève fantaisiste et un peu fofolle quittait définitivement les études à la fin du premier trimestre. Et, à Naples, le 20 mars 1965, France Gall recevait sa Légion d’honneur en gagnant le Grand Prix Eurovision de la chanson avec « Poupée de cire, poupée de son », de Serge Gainsbourg.

Trois ans ont passé et France Gall connaît maintenant l’emploi du temps des grandes vedettes (jamais de vacances, beaucoup de voyages, des galas, des télévisions, des répétitions, des enregistrements, des interviews). Si elle peut assurer tant de travail, c’est que, vivant toujours au sein de sa famille, une vie régulière lui est imposée.

– Je gagne très bien ma vie, avoue-t-elle, mais c’est papa qui s’occupe de tout et il me donne l’argent dont j’ai besoin. Mon seul luxe c’est ma MG, familiale à quatre places. Dans le travail, mon père est aussi ferme que du temps du lycée. Il m’écrit des chansons et choisit avec moi celles des autres compositeurs.

Mais, cet été, fatiguée par tant d’années sans vraies vacances, France Gall n’a accepté aucun contrat pour aller en vacances avec sa famille à Noirmoutier. Autrefois, les cinq Gall habitaient une caravane ; aujourd’hui, c’est une belle maison qui les abrite. On chante et on joue de la musique sans délaisser les passions communes de toujours : volley-ball, ping-pong, voile.

Depuis le 14 août, France Gall a repris le chemin du travail à Cannes pour l’émission de Maurice Dumay, en Allemagne pour trois semaines, en Espagne, au Portugal, puis de nouveau en France pour la grande émission de fin d’année de François Chatel.

Le Japon, qui vient de lui décerner le prix de « Femme de l’année » l’attend encore en 1968.

France Gall est préparée au travail, et elle y fera face tranquillement, sérieusement, gravissant les marches de la célébrité comme on joue à la marelle, sautillant joyeusement avec son petit air mutin qui semble dire : « Attention ! Voilà, voilà France Gall »

Magazine : Télé Poche
Il faut noter que la photo de la couverture a été inversée (le grain de beauté de France Gall n’est pas du bon coté)
Date : 23 août 1967
Numéro : 85

Les photos

À découvrir

France Gall Collection est sur YouTube

France Gall en vidéo

À découvrir