Voix nouvelle pour une nouvelle voie (Presse)

L’article

Numéro Un : Michel Berger

Émission de Maritie et Gilbert Carpentier avec la collaboration de Monique Salmon, Catherine Clément, Stéphanie de Grombrugghe, Pierre Fournier-Bidoz. Costumes : Michel Fresnay. Décors : François Pontet. Musiques originales de Michel Berger. Textes de Michel Berger et Frank Lipsik. Réalisation : Marion Sarraut.

Emily ou la petite sirène 1976

Michel Berger a voulu que son « numéro un » se présente sous forme de comédie musicale et spécialement pour l’émission il a composé des musiques et écrit avec son ami Frank Lipsik des chansons originales. Un décor futuriste a également été imaginé.

Ne cachant pas son admiration pour Hans Andersen, l’auteur des célèbres contes, Michel Berger a imaginé une version 1976 de « La petite sirène », une petite sirène qui va avoir le joli minois de France Gall. En accompagnant son père (Christophe), directeur de la photographie, sur un plateau de télévision, la jeune Emily (France Gall) tombe amoureuse d’un caméraman (Patrick Bouchitey). Cet amour va-t-il être partagé ?

DISTRIBUTION

Emily : France Gall ; le professeur de rock : Eddy Mitchell ; les élèves danseuses , Vannick Le Poulain, Marie-Hélène Breillat ; le père d’Emily : Christophe ; le producteur : Michel Berger; la productrice : Martine Kelly; un chanteur américain : Rod Stewart; le cameraman : Patrick Bouchitey; la marraine : Nicole Croisille ; la star : Françoise Hardy ; la récitante : Marie-France Pisier ; le livreur de piano : Jacques Dutronc.

*Jacques Dutronc devait figurer amicalement en « livreur de piano », ce qui ne s’est finalement pas concrétisé.
C’est l’actrice Marie-Hélène Breillat qui devait incarner, avec Vannick Le Poulain, l’une des deux sœurs d’Émilie. Pour une raison indéterminée, c’est Rima Vetter qui la remplaça in extremis.

*Michel Berger et France Gall auraient souhaité que les chansons de ce conte musical fassent l’objet de l’édition d’un album. Malheureusement, à cause de la multiplicité des labels auxquels appartenaient les différents artistes, ce fut irréalisable et c’est pour cela que ne parut qu’un single sous le seul label WEA : Ca balance pas mal à Paris.


Elle était blonde, portait des minijupes, des rubans dans les cheveux, et égrenait des airs rose-bonbon d’une voix acidulée. Elle est blonde, porte des jeans, une casquette sur la tête, et interprète des chansons de toutes les couleurs, d’une voix chaude et posée. Elle s’appelait France Gall. Elle s’appelle France Gall. Question d’identité. Depuis qu’elle ne déguste plus de sucettes à l’anis, France s’est découvert un berger, prénommé Michel. Prétexte à faire une fois pour toutes une déclaration. Sa déclaration. Celle d’une jeune chanteuse bien décidée à faire désormais ce qui lui plaît. Pour le prouver, les Carpentier lui confient samedi, pour la « toute toute première fois, leur « Numéro Un ». Son « Numéro Un », Mais la nouvelle France Gall n’a déjà plus beaucoup d’essais à marquer.

Un univers de coussins. Des grands, des gros, des petits, des ronds, des rectangulaires, imprimés ou brodés. C’est le nid de France Gall, au bout d’une allée de marronniers, en plein cœur de Paris. Un nid douillet, certes, mais qui abrite désormais quelqu’un bien décidé à voler de ses propres ailes.

« Sacré Charlemagne » ou « Bébé requin » c’est fini, affirme-t-elle. A l’époque, j’avais seize ans, je chantais des chansons de mon âge. J’étais plus ou moins « manipulée », c’est vrai. Qui, dans ma situation, ne l’aurait pas été ? Je ne regrette pas cette période, mais je ne pouvais pas éternellement jouer les petites filles perverses.

Qui a eu cette idée folle, un Jour, d’inventer les « tubes » ? Pas Charlemagne en tout cas !

J’ai enregistré beaucoup de choses que je n’aimais pas. Les « faces B » de quarante-cinq tours par exemple. Les gens avec qui je travaillais étalent obnubilés par la politique du « tube et moi je m’en remettais souvent à eux.

Un entourage de talent, pourtant. Un père qui n’a fait rien moins que d’écrire la célèbre « Mamma » de Charles Aznavour, par exemple, entre autres succès signés Robert Gall. Et puis l’ombre de Serge Gainsbourg, « le plus mal rasé de la chanson » dont le moins qu’on puisse dire est que s’il s’exprime souvent par monosyllabe, il ne compose pas avec son rasoir.

Avec mon père, ça été un peu un déchirement. Depuis quelques années il n’écrivait plus, mais je crois qu’il va s’y remettre. Quant à Serge Gainsbourg, on a souvent dit qu’il s’amusait à travers moi et mon personnage. C’est vrai que je ne comprenais pas toutes les chansons qu’il m’écrivait. « Les sucettes à l’anis », par exemple. Récemment, j’ai redécouvert les paroles de « Poupée de cire, poupée de son », ma chanson de l’Eurovision 1965. J’ai été étonnée par leur richesse et leur qualité. Je pense que les meilleures chansons qu’a faites Serge sont celles qu’il m’a données.

Et puis, un jour, le « bébé requin » s’est tu.

Il vient un moment où l’on se lasse de jouer à la poupée, fut-elle de cire ou de son. Un silence réparateur.

Je me suis arrêtée de chanter pendant deux ou trois ans, parce que je ne trouvais pas de chansons qui me plaisaient. Je voulais qu’on oublie l’image de marque que j’avais et dont j’ai eu du mal à me débarrasser. Et puis j’ai rencontré Michel Berger. Celui dont on parle, le jeune auteur qui a le vent du show-business à la poupe de son piano, c’est Michel Berger. Avec les chansons qu’il lui a ciselées sur mesure, France Gall a pu enregistrer le 33 tours dont elle rêvait, son premier en douze ans de métier. Nul besoin d’additionner sournoisement, France a vingt-huit ans. Un âge qu’elle revendiqua avec la fougue d’une carrière retrouvée. Une voix nouvelle pour une nouvelle voie. France a franchi ses frontières avec allégresse. Comme dans ce « Numéro Un » où elle se métamorphose en sirène. Inutile de vous attacher à vos fauteuils, comme le fit jadis un dénommé Ulysse, pour résister à son charme. Et ne vous bouchez surtout pas les oreilles. Car c’est de la « petite sirène » des contes d’Andersen qu’il s’agit ici. Mais une petite sirène revue et corrigée par Michel Berger.

Une version plutôt délirante, explique l’auteur avec un sourire ravi. L’histoire d’Andersen m’a juste servi de point de départ. Ce n’est pas une comédie musicale, mais plutôt un conte en musique baptisé « Emily ou la petite sirène 76 » avec des décors fous, et une réalisation signée Marion Sarraut.

La sirène à l’heure du berger. Il ne tient qu’à vous qu’elle ne se termine pas en queue de poisson. Car France Gall et Michel Berger espèrent bien récidiver, sur grand écran cette fois. Ils ont déjà le scénario ; ce sera un film musical bien sûr. Reste à trouver cette sorte de prince charmant à la bourse déliée, qu’on désigne de nos jours sous le nom de producteur. Mais ces comptes-là, ce ne sont plus ceux d’Andersen.

Magazine : Télé Poche
Date : 19 mai 1976
Numéro : 536

*source de certains textes : Wikipédia

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