Claude François : dans le chagrin de sa rupture avec France Gall il a écrit “Comme d’habitude”

Des musiques à succès, Jacques Revaux en a écrit des centaines. Mais « Comme d’habitude » restera sans doute à jamais son plus grand tube.

23 ans après, l’extraordinaire révélation de Jacques Revaux, le compositeur de la plus grande chanson du monde.

Qui n’a jamais fredonné « Comme d’habitude », ou « My way », en anglais ? Cette chanson a été reprise par plus de 1000 artistes, s’est vendue jusqu’ici à plus d’un milliard d’exemplaires, et continue de faire le tour du monde.

A tel point que les Américains sont persuadés que cette chanson est 100% made in USA. Mieux, sa popularité, vingt-huit ans après est toujours telle, qu’elle vient de passer numéro un des droits d’auteur, devant le sacro-saint Boléro de Ravel.

Et pourtant, si l’on en connaissait depuis longtemps les auteurs, Claude François pour les paroles, et Jacques Revaux pour la musique, il aura fallu presque trente ans pour que ce dernier révèle le secret qui planait dernière ce super tube. Eh oui, ce n’est que maintenant que le musicien nous apprend pourquoi ces mots bouleversants sont venus sous la plume de Claude François, en 1967. Pourquoi, avec pudeur et finesse, le chanteur, alors âgé de vingt-huit ans, a voulu évoquer le chagrin d’un homme face à une compagne qui s’éloigne de lui. Ces mots, pleins de douleur et de révolte contenue, Claude les a écrits pour celle qui venait juste de le quitter : France Gall !

« J’étais parti avec une bande de copains pour Megève, et un jour, cette mélodie est sortie de ma guitare, dit-il. Je l’ai proposée à Claude François, qui n’en a pas voulu. Mais quelques temps après, j’ai réussi à le convaincre. C’était un slow, il venait de se séparer de France Gall et il avait écrit un texte à cette occasion. Et brusquement, en réécoutant la chanson, il s’est rendu compte que son texte collait avec la musique. »

« Comme d’habitude » était né !

Comme « Ne me quitte pas » de Brel, cette superbe chanson était donc le fruit du désespoir qui sommeillait dans le cœur de Claude.

Il faut dire que sa rencontre avec France, trois ans plus tôt, avait été comme une renaissance pour lui. Elle seule avait réussi à lui redonner goût à l’amour, après l’échec de son mariage avec Janet.

Claude, conquis par la fraîcheur de France, lui avait donné son premier baiser, un soir, après un concert aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Mais ce qui n’aurait pu être qu’une idylle sans lendemain, s’est très vite transformé en véritable passion.

A l’abri des regards, Claude et France se rejoignaient dans un petit café, juste pour le plaisir de pouvoir passer quelques moments ensemble. Et dès qu’ils se quittaient, elle rentrait chez elle et restait collée au téléphone, en attendant que Claude l’appelle.

Et puis, le 9 février, France apprend qu’elle est retenue pour représenter son pays à l’Eurovision, avec sa chanson « Poupée de cire, poupée de son ». C’est la chance de sa carrière. Elle gagne le concours, mais cela l’emmène loin de Claude. De plus en plus loin. De plus en plus souvent.

Claude doit se rendre à l’évidence, France lui échappe. Alors, désemparé, ne trouvant pas les mots pour lui dire à quel point il l’aime encore, il décide de les lui écrire. Avant de se « coucher, seul, dans ce grand lit froid, comme d’habitude » …

Magazine : France Dimanche
Lisette Demonceaux
Date : du 15 au 21 juillet 1995
Numéro : 2550

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