France Gall à Bercy, quel culot !

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Virage à 180° pour France Gall !

On connaissait son goût impénitent pour le jazz et les voix de mammas noires. Mais de là à remodeler pratiquement tout son répertoire et risquer de nous prendre à rebrousse-poil en nous plaçant à contrepied de nos habitudes, cela frisait l’inconscience, pour ne pas dire le culot.

Eh bien ce culot, elle l’a eu, France ! Et avec ce magnétisme fou, cette voix chaque fois plus suave et ce feeling de vraie pro, elle a fini par nous avoir, insolemment tranquille et souriante, prenant quand même au passage l’avis du public pour être bien certaine qu’il continue de l’aimer,

Dire qu’il n’y a pas de malaise au départ sur certains titres (tels “Le Paradis blanc” ou “Débranche”), pratiquement méconnaissables tant ils se vident de leur substance rythmée pour s’étirer en blues à n’en plus finir … serait malhonnête, d’autant que rien dans la mise en scène d’une sobriété renversante n’aide à entrer de prime abord dans ce nouveau jeu étonnamment intimiste pour Bercy.

Flanquée de ses quatre complices musiciens, la gestuelle plus coulée, la tenue (longue chemise rouge sur caleçon noir) très “comme à la ville”, la nouvelle Gall sait doser les émotions. Le très beau “Laissez passer les rêves” – extrait de son dernier album “Double jeu ” – laisse délicatement passer le souffle de Michel Berger.

La deuxième partie plus acoustique, avec le fidèle Perathoner qui troque le synthétiseur contre le piano, l’indétrônable Janis Top (à la guitare) et l’arrivée d’un miraculeux joueur de bandonéon, nous rallie définitivement.

France conclut son spectacle dans une houle d’amour avec une meute de fans à l’avant-scène et, une joyeuse clique de rappers venus de la banlieue pour bouger avec elle sur “La Négresse blonde”, “Ella elle l’a” et “Mademoiselle Tchang”.

Elle a bien raison de n’en faire qu’à sa tête.

Monique PREVOT

Magazine : France Soir
Date : 14 septembre 1993
Numéro : 15270

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