Le projet initial de Michel Berger était Angelina Dumas.

Une comédie musicale inspirée de Patty Hearst, fille du magnat de la presse américaine enlevée et tombée amoureuse au point d’épouser la cause de ses geôliers.

• France Gall : J’veux faire un show.
• Michel Berger : J’demande pas mieux.
• France Gall : Mets du nouveau.
• Michel Berger : C’est tout c’que j’veux.
• France Gall : Mais j’veux pas copier Ginger Rogers.
• Michel Berger : Pourquoi toujours America first ?

Depuis son premier disque, un concerto baptisé « Puzzle », jusqu’au récent opus de France Gall, l’album concept « Dancing Disco », la musique pour Michel Berger ne se marchande pas à la découpe. Les chansons se répondent entre elles et leur conception entre dans un arc narratif global. L’expérience Émilie ou la Petite Sirène 76 avait été un grand bonheur soldé par beaucoup de frustration : tant d’énergie pour à peine une heure de chanson, diffusée une seule fois à la télévision.

On se souvient que pour ce projet, Berger souhaitait faire appel à un parolier, en l’occurrence Yves Simon, qui avait décliné ; France Gall lui propose un nouvel acolyte. Elle adore les albums de Diane Dufresne, chanteuse québécoise au swing brûlant et à l’énergie décomplexée. Ses tubes « J’ai rencontré l’homme de ma vie » ou « Pars pas sans m’dire bye bye » sont écrits par Luc Plamondon, auteur pour elle d’un opéra-cirque, « À part de t’ça, j’me sens ben » en 1973. Gall pousse Berger à le rencontrer. Le courant passe entre les deux hommes et trois sessions d’écriture transcontinentales sont nécessaires pour accoucher d’un « opéra-rock-cyber-punk », selon les mots de Berger.

Luc Plamondon explique que Michel Berger est venu le trouver inspiré par l’histoire de l’enlèvement de Patricia Hearst (soit le projet Angelina Dumas, avorté en 1974) ; il s’est alors mis à réfléchir aux personnages, les imaginant comme des héros de cartoons. Il décrit la fontaine musicale qu’était Berger devant un piano. Pour ce projet ambitieux, Bernard de Bosson, patron français de Warner, met à la disposition des créateurs franco-québécois un budget de production de 300 000 francs.*

starmania LE SPECTACLE, du 10 avril au 3 mai 1979 au Palais des Congrès, sera un énorme succès.

La dernière version de Starmania, montée sous l’impulsion de Raphaël Hamburger, fils de Gall et Berger, est mise en scène par Thomas Jolly et créée à Nice en octobre 2022. 

Source : France Gall l’intégrale / L’histoire de tous ses disques par Norman Barreau-Gély aux éditions EPA