Mes chansons sont mes miroirs (presse)

L’article retranscrit

France vit, vaque, rit, s’indigne, s’émeut. Michel, écoute, observe et sur son piano, sur sa feuille blanche, renaissent soudain ces moments, transposés avec la magie des notes et des mots.

Chansons miroirs que le talent et la complicité peuvent seuls engendrer. On en a la preuve avec le nouvel album de France, « Babacar ».

FM – Tu es contente de cet album ?

F. G. – De le voir terminé, oui, de l’avoir enregistré évidemment, de le vanter, c’est au public de le faire s’il l’aime. Ce que je peux dire, c’est que je me suis éclatée en chantant ces chansons.

FM – Comment Michel Berger travaille-t-il avec toi ?

F. G. – D’abord, il écrit tout seul. Il me regarde vivre il est la personne qui me connaît le mieux au monde, donc il s’inspire comme ça. Et quand il a terminé un couplet et un refrain, il me les montre. Et il ne continue que si ça me plaît.

FM – Si tu n’aimes pas ?

F. G. – Il la jette au panier en hurlant que je passe à côté d’un succès énorme, que ç’aurait été la chanson la plus forte de toutes. Et il me fait la tête pendant trois jours !

FM – Tu rejettes beaucoup de chansons ?

F. G. – Non, heureusement ! (Rire)

FM – Sur ce disque, « Babacar » il y a une histoire bouleversante que tu as vécue.

F. G. – Oui, c’est celle de « Babacar », justement. J’étais au Sénégal pour Action École que nous continuons depuis la mort de Daniel Balavoine et dans un petit village, une jeune fille m’a tendu son bébé âgé d’un mois, en me disant : « Je te le donne, je ne peux pas l’élever. Je dois retourner à Dakar finir mes études. Je suis seule. Son père m’a laissée » J’ai pensé que c’était dramatique car visiblement, elle adorait cet enfant et c’était par amour pour lui qu’elle me l’offrait, pour qu’il vive dans le confort. C’est assez courant dans ces pays que les riches prennent en charge des enfants pauvres. Même s’ils ne voient plus leurs vrais parents, il n’y a pas de drame. C’est une manière pour ceux qui n’ont rien d’éviter à leurs enfants de sombrer avec eux. Je n’ai pas répondu à cette demande et quand je suis rentrée en France, j’étais très perturbée. Même si j’avais l’intime conviction que je reverrais ce bébé ! J’étais si angoissée que j’ai confié mes soucis à plein de gens, à Michel en premier. De plus, je n’avais aucune possibilité de prendre des nouvelles là-bas. J’ai pensé avec horreur que peut-être l’enfant était mort bien que sa mère ait dit qu’elle l’allaiterait pendant deux mois encore. Il y a quelque temps, après que Michel ait écrit « Babacar », conscient qu’il devait le faire, on a décidé d’en faire un clip. Et je suis retournée au Sénégal, à Dakar. J’ai immédiatement demandé si on pouvait avoir des nouvelles de cette femme et de son enfant. Finalement, le soir même, ils débarquaient à l’hôtel, la mère était restée au village, Babacar était superbe. Quel soulagement ! Je les ai pris en charge et la mère va pouvoir élever son enfant et continuer ses études. J’ai risqué dans cette histoire de ne plus jamais être sereine.

FM – Ton appartement parisien est complètement aménagé maintenant ?

F. G … Oui, ç’a mis du temps mais c’est fini. J’ai adoré l’aménager, d’autant que Michel me laissait en plan, écrivant d’abord son propre album, puis celui de Johnny Hallyday. J’ai eu presque trois ans pour tout mettre au point. C’est un endroit calme, bien pratique. J’ai deux motifs de stress dans ma vie : la voiture et le téléphone. Celui de la voiture est presque résolu car je n’ai plus à venir de banlieue comme avant, pour le travail, les achats etc. En ce qui concerne le téléphone ! le cas n’est pas résolu ! (Rire). C’est curieux, Pauline et Raphaël, mes enfants, sont comme moi. Ils haïssent le téléphone. Quand il sonne, ça signifie que je dois les quitter, le temps de la communication, ou que je vais devoir m’absenter plus longtemps.

FM – Ils ont quel âge maintenant ?

F. G. – Six ans et huit ans. Raphaël, le cadet, est en dernière année de maternelle mais en rentrant de l’école, il apprend à lire, à écrire, à compter. Il prétend qu’à la maternelle il ne fait rien d’intéressant. Il est très à l’aise dans la vie, ce qui n’est pas le cas de Pauline. Elle a peur de tout, elle est sensible, émotive. Je crains qu’elle n’en prenne plein la figure si elle ne change pas. L’éduquer est délicat. Il faut qu’on l’arme. Mais, elle nous ressemble tellement, à Michel et à moi, que nous ne sommes peut-être pas les mieux placés pour la transformer !

FM – Quels sont tes projets ?

F. G … Un grand show sur la deuxième chaîne en juin, avec toutes les chansons de l’album. Les répétitions du spectacle du Zénith qui aura lieu en novembre et juillet pause vacances avec la famille avant de reprendre les préparatifs du Zénith, de rôder en province, en octobre.

Magazine : Foto Music
Interview de Claudine Sandford
Date : Juin 1987
Numéro : 15

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