Cela s’est passé voici déjà plusieurs semaines, mais on ne le découvre qu’aujourd’hui.
Alors qu’elle revenait du Sénégal, où elle aime tant aller se ressourcer, France Gall a vécu des instants terribles.
De ces instants que tous ceux qui ont un jour pris l’avion, ont redoutés. Soudain, en plein ciel, on a frôlé le drame …
Car ce jour-là, à 23 heures, l’ Airbus A340 de la compagnie Air France qui venait de s’envoler de Dakar, au Sénégal, a brutalement pris feu… et France se trouvait à bord ! Que s’est-il passé?
« Peu après le décollage, nous a ensuite raconté une passagère du vol AF719, nous avons ressenti comme une explosion. Les personnes qui se trouvaient côté hublot ont alors vu des flammes sortir d’un moteur. Et, tout de suite, ça a été la panique. Les hôtesses et les stewards couraient dans tous les sens pour tenter de nous rassurer. A ce moment-là, plusieurs personnes ont commencé à prier. Un enfant hurlait : « Maman, maman, on va tous mourir ! »
Tous ces malheureux passagers voient déjà leur dernière heure arrivée. En fait, ils vont être sauvés par un extraordinaire exploit du commandant de bord. Étienne Lichtenberger est un pilote expérimenté. A 49 ans, il totalise 15 000 heures de vol et assure des vols commerciaux depuis près d’un quart de siècle.
« L’incident, qui s’est produit une dizaine de minutes après le décollage, a été très violent, nous a-t-il confié. Les passagers ont vu des étincelles sortir d’un réacteur et, simultanément, une alarme incendie s’est déclenchée. Un des quatre moteurs s’est alors coupé et j’ai décidé d’aller me poser à notre point de départ.»
Étienne Lichtenberger entame alors la procédure normale dans ce cas d’incident précis. Il fait faire un demi-tour à l’appareil et survole l’océan afin de larguer en mer la plus grande partie du kérosène des réservoirs. En cas d’atterrissage difficile, ce sont ces réservoirs pleins qui ajoutent au danger d’explosion.
« Finalement, l’incendie du réacteur a été maîtrisé et nous n’avons pas eu à procéder à ce largage de carburant, reprend Etienne Lichtenberger. A l’atterrissage, quand l’avion s’est enfin immobilisé en bout de piste, les gens se sont congratulés. »
Au sol, les passagers exultent. Quel bonheur après tant d’émotions de retrouver la terre ferme! Jamais sans doute le pourtant très banal aéroport de Dakar ne leur avait paru si sympathique. C’est dans ces moments-là que l’on comprend vraiment à quel point la vie est précieuse …
À la suite de ce qui aurait pu être un dramatique accident, les passagers ont été invités à passer 48 heures dans les hôtels de la capitale sénégalaise, avant de reprendre un avion, toujours piloté par Étienne Lichtenberger, qui les a ramenés à bon port, le mardi 27 février 2001.
Avait-elle été profondément choquée ou est-ce par superstition ? Toujours est-il que France Gall n’était pas sur ce vol de retour. Pour cette fois, le destin aura épargné la jeune femme au passé hélas trop souvent tragique.
Magazine : France Dimanche
Par William Ruppert
6 avril 2001
Numéro : 2849