Une femme en colère (Presse)

L’article

Ce qu’a déclaré Véronique Sanson dans la presse

A propos de son album de reprises de Michel Berger, « D’un papillon à une étoile » : « Je n’ai pas pensé un seul instant à la réaction de France Gall. Je l’ai fait par amour, pour la beauté du geste. » Voici 20/09/04

Sur la réaction de France Gall à l’album de reprises : « Je préférerais qu’on la laisse en dehors de tout ça. Je n’ai jamais eu envie de lui faire du mal. » Le Parisien 18/01/00

Sur ses rapports avec France Gall : « Nous n’en avons aucun. Sauf que je suis convaincue d’une chose : il n’y a que deux personnes au monde qui puissent chanter Michel sans que je tremble de honte : France et moi. Pardon, j’aurais peut-être dû dire : moi et France …” Voici 20/09/04

Sur leurs réponses par chansons interposées : « J’ai toujours regretté d’être partie. Nous ne nous sommes plus revus. Nous nous écrivions par disques interposés. Il composait « Seras-tu là ?» Je composais « Je serai là ». C’était notre façon de nous parler. » Télé 7 Jours 06/11/99


Ces derniers mois, Véronique Sanson est omniprésente sur les plateaux de télé. Son actualité est chargée : nouvel album, tournée, livre de confidences.

À chacun de ses rendez-vous de promotion, la chanteuse parle de Michel Berger et de leur relation, qui date de plus de trente ans. Selon la chanteuse, Michel Berger n’aurait aimé qu’elle et elle seule, aujourd’hui, serait capable de parler correctement de lui. Dans son livre, elle fait même dire à Marc-Olivier Fogiel que France Gall serait un amour de substitution. Des propos que l’animateur de France 3 dément.

Mais qu’en pensait la principale intéressée, France Gall ? Impossible de le savoir, puisqu’elle ne s’était jamais exprimée sur ce sujet. Cautionnait-elle, par ce silence, les propos tenus ? La réalité est toute autre et la révolte de France Gall est évidente. La récente sortie du livre de Véronique Sanson, dans lequel une cinquantaine de pages sont consacrées à Michel Berger et France Gall, a été la goutte de trop. Aujourd’hui, France décide de parler et nous reçoit dans l’appartement familial où elle a vécu avec Michel et leurs enfants. Dans le salon, le piano du compositeur. Exaspérée, elle réagit aux propos de Véronique Sanson. Et ça balance pas mal …

VSD. Pourquoi ressentez-vous aujourd’hui le besoin de prendre la parole ?

France Gall. J’assiste à la construction d’une histoire fausse et ça suffit. Il faut que cela s’arrête. Tout a commencé après le décès de notre fille Pauline, j’étais alors en deuil. En 1999, j’ai appris que Véronique Sanson préparait un album de chansons de Michel, créées par lui ou par moi. J’ai trouvé cette démarche étrange. Puis, j’ai découvert qu’elle se servait aussi de moi comme « caution », prétendant avoir obtenu mon autorisation. Il faut savoir que, en France, n’importe qui peut interpréter les chansons d’un autre à condition de ne modifier ni la mélodie ni les paroles. Véronique Sanson n’avait donc pas besoin de mon autorisation pour le disque. Pendant les six ans qu’ont duré les promotions de cet album, de son spectacle, de son portrait télé et maintenant de son livre, j’ai ressenti un malaise de plus en plus profond. Je suis choquée que Véronique Sanson se serve du nom et des œuvres de Michel en faisant resurgir la liaison qu’elle a eue avec lui lorsqu’il était un jeune compositeur inconnu. Libre à elle d’exhiber ses malheurs, cela m’inspire plutôt de la compassion. Je n’ai pas à la juger, ni personne d’ailleurs. Ce qu’en revanche je ne peux pas accepter, c’est l’utilisation d’un épisode ancien de la vie de Michel. Je ne suis pas là pour effacer l’histoire qu’elle a eue avec lui jusqu’à leur séparation, en 1972. On a tous eu un amour de jeunesse. Mais vous imaginez, elle s’accroche à une histoire qui date de trente-trois ans !

VSD. Cependant, elle affirme régulièrement : « J’ai demandé à France toutes les autorisations du monde et elle a dit oui. » Pourquoi, selon vous ?

F. G. Peut-être pour que les gens soient moins choqués par son discours … En fait, je n’en ai aucune idée. Ce que je sais, c’est que j’ai refusé tout ce qu’elle m’a demandé. C’est pour cela que vous voyez très peu d’images de Michel dans son portrait télé à elle, et aucune dans le livre qu’elle sort cette année.

VSD. Pensez-vous que ce soit le remords qui fait que, pour elle, son histoire avec Michel Berger n’est pas finie ?

F. G. Si c’est le cas, il faut qu’elle arrête de se culpabiliser d’avoir quitté Michel « lâchement », comme elle le dit. Car Michel, lui, a tourné la page en tombant amoureux et en faisant sa vie avec moi. Ça, c’est la réalité. Nous ne nous sommes pas mariés, comme Véronique dit l’avoir fait avec Stephen Stills, par « politesse ». Michel et moi, nous nous sommes mariés par amour. Nous avons vécu dix-huit ans ensemble et nous avons fait deux enfants, aussi par amour.

VSD. Pourtant, Véronique Sanson prétend que, jusqu’à son décès, Michel et elle auraient correspondu par chansons interposées ?

F. G. C’est son cheval de bataille depuis la sortie de son album « D’un papillon à une étoile », un mythe qu’elle construit. Mais, c’est faux et ridicule ! Je défie quiconque de trouver une interview dans laquelle Michel déclare qu’il communiquait par chansons interposées avec elle, ou avec qui que ce soit d’autre d’ailleurs. Quelque chose qui ne viendrait pas directement de Michel n’aurait pas de valeur.

VSD. Mais elle affirme que Michel lui parlait, par exemple, avec la chanson Seras-tu là ?

F. G. Elle dit qu’elle a pris cette chanson pour elle. Et que, plus tard, elle lui a répondu avec Je serai là. Mais quand Michel a sorti Seras-tu là ?, en mai 1975, il ne s’adressait pas à elle. Les gens ont plutôt pensé que ce titre m’était destiné. Michel a simplement écrit une belle chanson qui ne s’adressait à personne et en même temps à tout le monde. Pour lui, c’était un texte parmi d’autres. Véronique Sanson a répondu à des chansons qui ne lui étaient pas destinées. Elle a le droit d’y croire et d’affirmer qu’elle répondait à Michel de cette manière. Mais elle n’a pas le droit de parler au nom de Michel. On ne fait pas parler ceux qui ne sont plus là.

VSD. Véronique Sanson est-elle, selon vous, en train de salir la mémoire de Michel Berger ?

F. G. Quand elle dit que Michel lui a adressé Seras-tu là ? alors que lui et moi commencions à vivre ensemble, elle laisse penser que Michel était quelqu’un de malsain. Cela remet nos vies en question. L’œuvre de Michel aussi. Moi, je trouve que ce n’est pas nous qu’il faut remettre en question. A aucun moment, du vivant de Michel et jusqu’à la sortie de l’album de Véronique, « D’un papillon à une étoile », celle-ci n’a parlé ainsi de Michel ni de cette « vieille histoire ». Elle le fait aujourd’hui, alors qu’il ne peut plus ni lui répondre ni la contredire. Elle s’est inventé tout ça. Il faut qu’elle comprenne qu’elle a cessé d’être quelqu’un d’important pour Michel quand, à 25 ans, il a fait ses choix et a construit sa vie.

VSD. Dans son portrait télé, Véronique Sanson dit qu’ils étaient « attirés l’un vers l’autre jusqu’au bout ».

F. G. Une fois encore, c’est elle seule qui l’affirme. Pas Michel, qu’elle fait parler. C’est pour moi, comme pour ceux qui ont bien connu notre couple, totalement inacceptable.

VSD. Qu’est-ce qui motive son comportement, selon vous ?

F. G. Dans l’émission de Mireille Dumas, où elle était invitée dernièrement, Véronique Sanson s’est dite d’un « égoïsme effrayant ». Qu’elle ramène tout à elle la regarde, mais il ne faut pas que cet égocentrisme ternisse l’image de Michel et déforme ce qu’il était, ni qu’il blesse ceux qui le connaissaient et l’aimaient. Nous n’avons pas à en pâtir. Ni moi, ni notre fils.

VSD. Elle paraît s’étonner de ne pas avoir de vos nouvelles. Quels sont vos rapports ?

F. G. Véronique Sanson semble avoir oublié qu’elle a témoigné contre moi lors d’un procès qui m’a opposé à celle qu’elle appelle sa « presque belle-sœur » (la sœur de Michel Berger, NDLR), alors que nous souhaitions, notre fils et moi, inhumer, selon leurs vœux, Michel et Pauline ensemble au cimetière de Montmartre. La justice m’a donné raison en octobre 1999 et ce n’est qu’à partir de ce moment-là, seulement, que j’ai pu commencer à « faire » – comme on dit – le deuil de notre fille.

VSD. Parfois, on a l’impression qu’elle se voudrait l’héritière de Michel Berger.

F. G. Elle n’est l’héritière de rien du tout. Comment peut-elle dire, dans Le Parisien : « Je veux montrer que Michel est autre chose qu’un faiseur de tubes, c’est mon devoir » ? Vous imaginez un artiste comme lui lisant ce genre de phrase ? Mais de quel « devoir » parle-t-elle ? Est-ce que Michel lui a demandé de superviser sa musique ? Jamais. Alors, de quoi se mêle-t-elle ?

VSD. Elle écrit dans son livre qu’elle est « fière de vous d’avoir si bien chanté les chansons de Michel » …

F. G. Elle peut aimer ou non ma manière de chanter Michel, mais je ne comprends pas en quoi cela peut lui donner de la « fierté ». Elle n’a rien à voir là-dedans. Ce qui compte, c’est que ça nous plaisait à nous, quand Michel et moi nous travaillions ensemble, en studio, avec nos musiciens, en famille. C’était notre fierté et elle reste la mienne.

VSD. Quand elle dit : « J’aimerais faire de la belle musique pour France, pour nous, pour lui, pour qu’elle puisse la chanter comme moi et comme Michel » ; qu’est-ce que vous éprouvez ?

F. G. Ça m’embrouille la tête et c’est dingue : les gens que je rencontre ont le sentiment que Véronique Sanson veut me remplacer dans la vie de Michel. Quand on lit cette phrase, on a le sentiment qu’elle veut aussi prendre la place que Michel avait dans ma vie, en m’écrivant des chansons, que je chanterais comme elle. Quelqu’un peut-il nous éclairer ?

VSD. Elle déclare également être la seule, avec vous, à savoir interpréter les chansons de Michel Berger. Comment réagissez-vous ?

F. G. Elle répète cette phrase et ça me gêne qu’elle efface d’un trait ceux qui, comme moi, ont eu la chance que Michel écrive pour eux. Johnny Hallyday, Daniel Balavoine, Elton John, Françoise Hardy, Céline Dion et bien d’autres. Tous appartiennent à son œuvre. Véronique Sanson n’est pas de ceux -là. Michel a produit ses deux premiers albums, au début des années soixante-dix, mais il n’a jamais composé pour elle. Elle n’a chanté, du vivant de Michel, aucune de ses chansons. Finira-t-elle par prétendre savoir mieux que lui comment interpréter sa musique ?

VSD. En voulez-vous aux médias d’accorder du crédit aux propos de Véronique Sanson ?

F. G. Je ne peux pas leur en vouloir. Ils ne sont pas forcément responsables de ce que disent leurs invités. J’espère qu’ils se montreront dorénavant plus circonspects.

VSD. Craignez-vous que cette histoire reste dans l’esprit des gens ?

F. G. Je préfère penser que, dans la vie, il n’y a que la vérité qui reste. Je fais confiance au public pour garder la vraie et belle image qu’il a de Michel Berger. Quant à moi, rien ni personne ne pourra m’enlever la relation magique et unique que j’ai vécue avec lui, au quotidien. Une existence tournée vers notre famille, vers la création et le plaisir des autres, faite d’amour, de complicité, de respect et de pudeur.

VSD. Croyez-vous Véronique Sanson quand elle répète qu’elle ne veut « surtout pas vous faire du mal » ?

F. G. J’ai du mal à la croire, alors qu’elle fait passer Michel pour un faible inconsolable, et moi pour une infirmière qui « était là pour prendre soin de lui ». Elle évoque même « un amour de substitution ». Je trouve cela insultant. Je ne connais pas une femme au monde qui ne trouverait pas cela insultant.

VSD. Comment pensez-vous qu’elle réagira à la lecture de cette interview ?

F. G. J’espère qu’elle va comprendre et s’arrêter. Comme on dit en anglais : « Give me a break !»

VSD. Elle dit qu’elle a « payé ses dettes » en chantant les chansons de Michel. Quelle est cette dette ?

F. G. C’est elle qui s’est mis en tête qu’elle avait une « dette » envers Michel, trente ans plus tard, alors que personne ne lui a rien demandé. Mais si dette il y a, en quoi le fait de chanter ses chansons l’effacerait ? Qu’elle respecte Michel, qu’elle le laisse en paix.

VSD. Allez-vous bientôt recommencer à chanter ?

F. G. Ce n’est pas d’actualité. On ne sait pas ce que la vie nous réserve. Tout est une question d’envie et de coup de cœur. Ce n’est pas parce qu’on ne me voit pas que je ne travaille pas. Ces dernières années, j’ai fait deux portraits télé, l’un de Michel, l’un de moi, ainsi que nos deux anthologies et un livre de photos sur Michel. Chacun de ces projets a été une vraie création.

VSD. Votre idéal de bonheur n’était pas de chanter, mais de fonder une famille. Aujourd’hui, vous êtes rayonnante et visiblement heureuse. Qu’est-ce qui vous fait avancer ?

F. G. La vie elle-même. En me donnant et en me reprenant, elle m’a tellement appris que je n’ai pas de peur. J’aime mon existence d’aujourd’hui, pourtant si différente d’hier. C’est ma force.

Magazine : VSD
Par Matthias Gurtler
Numéro du 30 novembre au 6 décembre 2005
Numéro : 1475

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