France Gall : tout pour son spectacle
(Presse ) Salut !

Pour France Gall, le compte à rebours vient de commencer. Dans 24 heures, elle succèdera à Sylvie Vartan sur la scène du Palais des Sports de Paris.

Bien que surchargée de rendez-vous, France a bien voulu consacrer du temps à Salut !

Durant un après-midi passé en sa compagnie, nous avons redécouvert une France Gall heureuse, agréable et surtout en pleine forme.

Elle court, court la petite France de rendez-vous en rendez-vous. Télés, radios, photos, interviews, répétitions, voilà son lot quotidien. Les demandes de rendez-vous sont très nombreuses, alors, eh bien, France Gall doit choisir tout en essayant de faire plaisir à un maximum de personnes. D’un autre côté. Il faut répéter, toujours répéter, le jour et la nuit. Monter un spectacle de cette envergure est une entreprise très importante qu’il faut préparer avec minutie. Heureusement, à ses côtés, un homme veille, conseille, décide, encourage. Vous l’avez deviné, il s’agit de Michel Berger.

Lorsque je retrouve France, elle est dans nos studios de photos où devant les multiples projecteurs de notre photographe Bernard Leloup, elle sourit, pose, se transforme.

Tantôt rieuse, boudeuse, tendre. France n’aime pas tellement poser, pourtant elle le fait si bien ! Femme-enfant, le visage poupin, elle a cette fraicheur et cette beauté qui ne vous laisse pas indifférent. Après deux heures passées devant l’objectif de notre photographe, France regarde sa montre et s’aperçoit qu’elle est déjà en retard à son prochain rendez-vous. Deux minutes plus tard, nous voilà dans la rue et en voiture. C’est France qui conduit. La Golf se glisse dans les embouteillages Parisiens pour arriver à l’Empire où Monsieur Guy Lux produit sa dernière émission. J’attrape la valise de France et nous nous faufilons à travers de nombreux admirateurs déjà présents devant la salle. Enfin, nous gagnons la loge. Une fois la porte fermée, France m’avoue : « J’ai trop de rendez-vous dans une journée et j’ai toujours peur, vu la précipitation, de ne pas tout bien faire. »

Juste le temps de se changer et France doit descendre pour la répétition. Dans les couloirs, nous croisons Eddy Mitchell, Sheila, Gainsbourg. Sur scène, Guy Lux répète. Les chanteurs se succèdent, on recommence, on s’énerve, ce n’est pas si simple une émission de variétés. France monte sur scène et dans une ambiance fiévreuse, elle interprète « Tout pour la musique ». Derrière elle, ses trois danseurs exécutent une chorégraphie très sympa. Nous remontons dans les étages afin de pouvoir discuter dans le calme.

Pourquoi « Tout pour la musique » ?

Cette chanson a été faite pour les musiciens. J’ai un grand faible pour la musique. D’ailleurs, lorsqu’on regarde en arrière, il y a eu « Musique » et « Il jouait du piano debout » qui étaient des chansons basées sur la musique. C’est comme ça que nous avons décidé d’appeler le spectacle « Tout pour la musique ». Je pense que les gens qui viennent me voir sur scène viennent voir un spectacle musical.

Et les autres chansons de l’album ?

« Les accidents d’amour », c’est une constatation des amours qui se cassent. « La fille de Shannon » a été faite à la suite d’un voyage en Irlande. « Résiste », c’est un conseil que je donne. « Amor también », c’est pour faire chanter le public, pour que les gens chantent. S’ils ne chantent pas, je serai triste. « Diego libre dans sa tête », c’est une commande de ma part. J’avais envie de faire une chanson un peu politique, engagée, une chanson où je pourrais dire des choses différentes. Mes deux préférées sont « Tout pour Ia musique » et « Résiste ».

Que représente pour toi ce nouveau spectacle ?

Sûrement le moment le plus important de ma carrière. C’est un peu la consécration de tout ce qui s’est passé depuis quelques années.

Parle-nous un peu de ce qui se passe sur scène ?

C’est un spectacle en deux parties. La première est plus douce, composée de chansons tendres. La seconde est beaucoup plus agressive, avec les danseurs. Ils sont merveilleux, ils ne vont pas vraiment danser mais plutôt bouger sur la musique. En tout, neuf personnes sur scène y compris mes musiciens qui sont vraiment des gens extraordinaires, des vedettes dans le genre. Le tout sera mis en scène par Robert Fortune. Ce sera un show assez rock mais rien de très sophistiqué. Je ne veux pas faire une revue à la Broadway mais chaque chanson aura une ambiance bien précise. Les jeux de lumières sont réalisés par l’éclairagiste d’Elton John.

Lorsqu’on prépare un tel spectacle, est-ce que l’on dort la nuit ?

Personne ne peut se rendre compte à part ceux qui le font, de ce que cela représente comme travail. Même mon producteur. Il y a toute la promotion de mon disque, les cours de danse, de chant, de sax. C’est un minimum de dix-sept heures de travail par jour. Mais en fin de compte, je suis très sécurisée. Le reste du temps, j’évite de penser au soir de la première, car alors là …

Quelle est l’importance de Michel Berger dans ce spectacle ?

Michel sait ce dont j’ai envie, alors je me décharge beaucoup sur lui. Par exemple, il y a des rendez-vous où je ne peux pas aller et où il va. Michel a dû abandonner sa carrière pendant un certain temps. Il prépare quand même un show télévisé pour janvier.

Que se passera-t-il avant d’entrer en scène ?

Je mange une omelette, ensuite, je fais mes vocalises, ça me sécurise. Il faut que je sois seule, qu’on ne me parle pas. Lorsque je suis sur scène, c’est complètement différent, j’ai l’impression d’être chez moi. Après le spectacle, c’est extraordinaire, j’ai envie de faire mille choses. C’est le grand bonheur.

Que fait France Gall après le travail ou le soir en général ?

J’aime beaucoup aller au spectacle, sortir pratiquement tous les soirs ou alors organiser des fêtes, aller chez des amis. J’adore bouffer au restaurant.

Et la vie de famille ?

J’ai fait un choix. En ce moment, c’est le métier. Je travaille dix-sept heures par jour, mais malgré tout, j’essaie de prendre des rendez-vous à la maison pour que mes enfants sentent ma présence. Ce qui est important, c’est d’être heureuse et je suis heureuse.

France éclate de rire, elle est heureuse. Elle sort de son sac les photos de ses enfants : Charlotte (Pauline / erreur du journal) et Raphaël qu’elle me montre avec fierté.

Que se passera-t-il après le Palais des Sports ?

Le show se termine le 31 janvier, après, je fais quelques grandes villes comme Nice, Bruxelles, Genève, Lille, des salles qui peuvent recevoir tout le matériel de scène. Après cela, peut-être un peu de neige, et on songera au spectacle de Michel.

Il est 19h30 lorsque je quitte France Gall. Dans quelques minutes, elle affrontera les caméras. Je la laisse en compagnie de sa petite omelette. Le rendez-vous est pris : je serai au Palais des Sports pour l’applaudir, vous aussi, vous verrez, ce sera sûrement super!

Magazine : Salut !
Par Daniel Moyne
Date : 19 janvier 1982
Numéro : 164

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