Vive les vacances sans musique !

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Pour elle mais pas pour Michel Berger. Dans la villa qu’ils ont louée à Saint-Tropez il écrit en effet les chansons de son prochain disque.

Elle sera pourtant près de lui quand il l’enregistrera. Formant en France l’un des rares couples à mêler leurs carrières, ils se séparent seulement au moment de poser pour les photographes …

Midi. La maison paraît déserte, si ce n’est le son du piano qui s’échappe d’une fenêtre et couvre le chant des cigales dans le jardin. L’oreille avertie reconnaît le « son » Berger. Michel travaille, seul – « chanteur abandonné » -, comme il l’a écrit pour Johnny Hallyday tandis que France fait le marché à Saint-Tropez. Les enfants, Pauline (huit ans) et Raphaël (six ans) eux, sont encore sur la plage. Au programme : vacances pour tous sauf pour lui ; un nouveau 33 tours à écrire et enregistrer d’ici septembre, puis, en avril, dix jours au Zénith.

Pour France, le Zénith a rejoint les souvenirs « mais les plus beaux», dit-elle. Entre septembre et octobre 84, pendant un mois, chaque soir devant six mille personnes, France Gall a donné un spectacle conçu avec Michel Berger que Guy Job a filmé et qu’Antenne 2 diffuse le 10 juillet : un triomphe, tout comme la tournée qui a suivi, plus un record de vente avec son disque « Débranche » dont elle a vendu 700 000 exemplaires. Alors comme une élève prix d’excellence, elle peut maintenant profiter de ses vacances et vivre son année de relâche sans arrière-pensée. Après tout pour la musique, c’est maintenant tout pour la famille. Robe rose, teint hâlé, elle arrive, dépose rapidement les provisions dans la cuisine et vient faire admirer le tableau qu’elle a déniché chez un antiquaire et qu’elle destine à leur toute nouvelle maison.

Après quelques années vécues à Rueil, “une erreur” disent-ils, les Berger ont réintégré le cœur de Paris pour s’installer dans un “loft”. A la rentrée, France aura tout loisir de « chiner » et d’arranger sa maison. Mais avec son air décidé et sa voix haute, non sans rappeler une autre « grande » petite bonne femme de la chanson qui lui irait bien comme grand-mère, Mireille, France précise : “Je vais quand même mener la vie que j’aime puisque je vais suivre Michel partout. J’adore être derrière, dans les coulisses. Et quand il ira enregistrer son disque, je serai en studio avec les musiciens. C’est le travail que je préfère.”

Organisée, France conduira d’abord Raphaël et Pauline à Noirmoutier chez ses parents. Sauf en photo, car c’est leur volonté, il est difficile de voir France sans Michel, encordés ensemble dans l’escalade du succès depuis dix ans.

Aussi, lorsque Michel est allé à Montréal avec Johnny pour l’enregistrement du 33 tours qu’il lui a écrit, “Rock and roll attitude”, France bien sûr a suivi. “J’ai assisté à toutes leurs séances de travail. J’ai même participé aux chœurs. Nous sommes restés quinze jours. Johnny avait choisi Montréal parce que Nathalie y tournait. Et moi, j’en ai profité pour faire un show à la télévision canadienne.”

Avant de vivre dans l’ombre de Michel, comme lui le fit la saison passée, ils iront au soleil en août dans une grande maison louée, avec des amis, dans le Lubéron. “Chaque année, nous découvrons une région de France. Le choix de la maison détermine le lieu ; elle doit avoir un charme fou et être dans un espace très protégé”.

Vacances ne signifie pas pour eux désœuvrement : de Saint-Tropez, ils sont partis quelques jours visiter Florence accompagnés de leur ami, Luc Plamondon, l’auteur québécois de « Starmania » et des titres les plus célèbres de Diane Dufresne. Au retour, France s’est plongée dans la lecture d’une biographie de Michel Ange. Dans la maison, les livres aperçus un peu partout ont vraiment l’air d’être lus. France, passe l’été en fort bonne compagnie : « Michel Ange» d’lrving Stone, « Camille Claudel » d’Anne Delbée et « Tchekhov » d’Henri Troyat.

“Je suis passionnée par les biographies. J’ai retrouvé dans le Tchekhov que décrit Troyat des ressemblances inouïes avec Michel, un homme sans cesse débordé par le temps et ses activités, compliqué, angoissé. Comme Tchekhov, Michel n’arrête jamais et se plaint qu’on ne le laisse pas assez travailler en paix” dit-elle en riant, mais ajoute sérieusement : “Le pauvre, il ne peut jamais se reposer. A peine sorti du disque d’Hallyday, il doit écrire et composer le sien. Ensuite il recommencera pour moi et préparera mon prochain spectacle prévu au printemps 87”.

Après deux shows, l’un au Palais des Sports (quatre mille places), l’autre au Zénith (six mille places), France insatiable songe à Bercy (douze mille places). “En le visitant, j’ai pensé : ce n’est pas pour moi. Ensuite, j’ai vu le spectacle de Phil Collins et surtout j’ai beaucoup aimé celui de Julien (Clerc). Alors, nous réfléchissons, avec Michel ». Pour France, rien n’existe sans Michel et « avant » ressemble volontiers pour elle à un trou de mémoire. De ses vingt ans de succès, elle n’en déclare que dix de bonheur : les années Berger qui ont porté sa vie au Zénith.

Martine de RABAUDY – Photos Henri Tullio

Magazine : Télé 7 Jours
Date : Juillet 1985
Numéro : Inconnu

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