Mes enfants me protègent (presse)

L’article retranscrit

France Gall : Elle parle comme elle chante, avec des intonations acidulées et charmeuses, femme-enfant en apparence, adulte dans ses émotions.

Elle parle comme elle chante, avec des intonations acidulées et charmeuses, femme-enfant en apparence, adulte dans ses émotions.

Michel Berger, son mari, vient de lui écrire un superbe album, à son image, tour à tour tendre et grave, qui reflète bien ses états d’âme d’aujourd’hui.

Claudine Sandford : Est-ce facile de travailler avec son mari ?

France Gall : Michel est la personne qui me connaît le mieux ou monde. Il me regarde vivre, il m’écoute, et il se met à écrire et à composer.

C.S. : Pratiquement, comment procède-t-il ?

F.G. : Il écrit un refrain et un couplet. Puis il m’appelle et me les chante, et si ça me plaît, il continue. Sinon, il jette au panier.

C.S. : De bonne grâce ?

F.G. : Oh, non ! (Rire.) Il hurle que je suis passée à côté d’un chef-d’œuvre ! Et il me fait la tête pendant trois jours. Heureusement, ça arrive très rarement.

C.S. : Il avait écrit Babacar après que vous lui aviez parlé de cette histoire ?

F.G. : Oui, en rentrant du Sénégal, où je me trouvais pour l’opération Action Écoles que, nous continuons depuis la mort de Daniel Balavoine, j’étais très bouleversée par cette histoire. Une jeune mère de dix-huit ans m’avait demandé de prendre son bébé, qui avait alors un mois, parce qu’elle ne pouvait pas l’élever. Elle avait été abandonnée par le père. Étudiante à Dakar, elle était revenue dans son village pour accoucher et elle voulait me confier cet enfant, qu’elle adorait. Je suis repartie sans lui donner de réponse et cela m’a tourmentée. Évidemment, j’en ai parlé à Michel, qui a écrit Babacar, et l’histoire se termine bien puisque en retournant au Sénégal pour le clip de cette chanson, j’ai retrouvé la mère et le bébé en bonne santé. Elle était restée dans son village pour l’élever. Maintenant, elle va continuer ses études, ça s’est arrangé.

C.S. : Sur cet album, vous avez des choristes célèbres : Laurent Voulzy et Jean-Jacques Goldman.

F.G. : Oui, pour Dancing Brave, qui raconte l’histoire d’un cheval de course exceptionnel, il nous a paru évident que la voix de Laurent Voulzy devait être présente. Il est adorable, il était très content. De la même façon, Jean-Jacques Goldman me semblait indispensable dans J’irai où tu iras. Lors de l’anniversaire de la mort de Daniel Balavoine, nous nous étions réunis, nombreux, et nous, avions chanté. Jean-Jacques était là. On se fait souvent des petits signes d’amitié comme ça, en apparaissant sur les disques des autres. Daniel chantait toujours sur les albums de Michel. Ce sont des voix de complicité.

C.S. : Vous êtes contente d’être de nouveau installée à Paris ?

F.G. : Oui. J’en avais assez de râler dans les embouteillages ! La voiture, c’est stressant. Dans notre appartement parisien, enfin installé et très central, c’est le bonheur. Souvent, je peux me rendre à pied à mes rendez-vous. Un stress de moins c’est bien, reste le téléphone ! Enfin, on ne peut pas vivre isolé en permanence.

C.S. : Vos enfants ont trouvé de nouvelles écoles ?

F.G. : Oui, Raphaël va entrer à la grande école en septembre. Il a appris à lire, à compter et à écrire après ses journées à la maternelle. Quant à Pauline, elle travaille assez bien. C’est surtout son caractère qui m’inquiète. Elle est très fragile, apeurée, contrairement à son frère. Elle n’est pas très armée pour la vie.

C.S. : Comment vous considèrent-ils, Michel et vous ?

F.G. : Comme leurs parents ! (Rire.) Nous les tenons très écartés de notre métier. Ils savent qui nous sommes, mais n’en parlent jamais. Parfois, ils nous protègent même. L’autre fois, une bande de copains de Raphaël l’avait enfermé dans un placard et avait décidé de le libérer à la seule condition qu’il dise mon nom. Très simplement, il a dit : « Ma mère s’appelle Isabelle Hamburger », ce qui est mon état civil exact ! Ils sont comme moi, ils détestent le téléphone. Ça signifie pour eux que je les quitte et que je vais m’absenter, souvent.

C.S. : Quels sont vos projets ?

F.G. : Je prépare un grand show sur la deuxième chaine, avec toutes les nouvelles chansons de l’album. Et je commence à répéter le spectacle du Zénith qui aura lieu en novembre. Je vais aussi prendre un mois de vacances en juillet avec Michel et les enfants, avant de reprendre les répétitions et, dès octobre, de rôder le show en province. Et je dois m’occuper également d’Action Écoles.

C.S. : Vous avez l’air ravie, contrairement à vos enfants, de beaucoup travailler maintenant ?

F.G. : A vrai dire, j’en avais un peu marre d’être à la maison. Même si j’ai pu aménager l’appartement, beaucoup m’occuper de Pauline et de Raphaël, je m’impatientais. Michel a d’abord fait son album, celui de Johnny – il va produire son spectacle, d’ailleurs – et j’étais en plan. L’entente avec Johnny a été merveilleuse. C’était drôle de les voir l’un à côté de l’autre, Johnny, grand, musclé, et Michel, tout fragile. Johnny a été d’une ponctualité parfaite et il nous a dit il y a peu de temps qu’il gardait ce souvenir de travail avec Michel comme l’un des meilleurs de sa carrière. Une belle amitié est née de ce jour !

Magazine : Intimité
Interview de Claudine Sandford
Date : 22 au 28 mai 1987
Numéro : 2167

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