Musique plein coeur (Presse)

L’article retranscrit

1987 France Gall Presse France Gall musique plein coeurIntimité de novembre 87 005

Michel Berger, son mari lui a fait une scène … Une belle, étincelante de lumière : celle du Zénith ! Et dans les coulisses il savoure le succès de ses effets, tandis qu’elle rythme Babacar et Ella de coups de tête qui envoient ses cheveux en vagues dans toutes les directions.

Claudine Sandford : Un nouveau spectacle, trois semaines au Zénith, mais toujours le même auteur compositeur, Michel Berger, qui signe à la fois les chansons et la mise en scène. Vous n’avez pas envie de changer de « partenaire » ?

France Gall : Pourquoi le ferais-je, alors que je suis servie à domicile ? Michel me connaît tellement bien qu’il sait exactement ce qui me convient, et ça évite des discussions et du temps perdu. Être l’épouse et l’interprète de quelqu’un qui compose et écrit des chansons présente effectivement un inconvénient : je ne suis pas la seule à le solliciter et je dois attendre mon tour. Cette fois, j’ai patienté trois ans, je suis passée après Johnny et Michel (pour lui-même). Mais ça valait le coup ! Ça m’a obligée aussi à répéter très tôt, dès mai dernier, pour que l’on puisse travailler la mise en scène. Puis j’ai dû laisser à Michel le temps de préparer le spectacle de Johnny à Bercy, avant de le « récupérer ».

C.S. : Vous sentez bien la structure du Zénith ?

F.G. : Oui, je trouve parfaite cette forme un peu ronde avec des spectateurs debout devant, qui dansent s’ils en ont envie, et d’autres sur les sièges, en fond de scène, qui ont une vision différente du spectacle. Il y en a pour tous les goûts, finalement.

C.S. : Vous ne voyez pas beaucoup Pauline et Raphaël, vos enfants, en ce moment ?

F.G. : Non, et je dois avouer que je ne suis pas tout à fait la même quand je suis sur scène. Je me concentre sur mon travail, je suis moins disponible. Je vois moins mes enfants.

C.S. : Ils en souffrent ?

F.G. : Pauline sûrement, car c’est une enfant très sensible, mais pas Raphaël. Il a retrouvé son copain de classe, pour lequel il a fait l’effort énorme de travailler toute l’année dernière et pendant les vacances, afin d’être dispensé du cours préparatoire et de passer directement en CE1, comme son camarade. C’est une belle histoire d’amitié ! Lui, il est vraiment à l’aise. Il va souvent dormir à droite ou à gauche, chez des amis. Il est plutôt autonome. Ce qui n’empêche qu’ils sont tous deux très heureux lorsque nous retrouvons une vie de famille normale, que je peux aller les chercher à l’école, les câliner comme ils aiment. J’ai des contacts très passionnels avec mes enfants. On s’embrasse, on se dorlote. J’en profite, car quand Raphaël aura dix-huit ans, il trouvera ces démonstrations un peu ridicules, même s’il prétend le contraire maintenant !

C.S. : Vous avez changé de look ?

F.G. : Je laisse toujours pousser mes cheveux pour les spectacles, mais là, j’ai eu envie de me mettre en jupe, de montrer mes jambes. Il faut bien se renouveler !

C.S. : Vous vous êtes préparée physiquement pour ce spectacle ?

F.G. : Si vous voulez parler de gym, la réponse est non. J’ai horreur de ça. En revanche, j’ai suivi les conseils du docteur Pallardy et j’ai fait des efforts sur le plan alimentaire. Plus de café au lait – un poison -, mais du malt au petit déjeuner, et un autre sacrifice : plus de kir à I’ apéritif ! Coup dur pour la Bourguignonne que je suis ! Il paraît que le mélange sucre-alcool est redoutable. La liqueur de cassis, c’est un souvenir d’enfance : on m’en versait une goutte dans un grand verre que l’on emplissait d’eau. Je n’aime pas perdre mes habitudes, et le petit kir du soir en était une. Enfin, ce n’est pas éternel ! Sinon, j’ai peu de tentations. Je ne suis pas vraiment gourmande, c’est une chance !

C.S. : Après le Zénith, vous partirez en tournée ?

F.G. : Je me reposerai un peu d’abord. Il va y avoir les fêtes de fin d’année, qui sont sacrées pour la famille, et les vacances de février à la neige avec les enfants. Et, en mars 1988, on démarrera. On ira même jusqu’à Madagascar et La Réunion, c’est dire !

C.S. : Quand vous êtes absente, Michel Berger sait s’occuper des enfants ?

F.G. : Très bien. Il joue avec eux, il est un excellent éducateur, très patient. Il tient beaucoup à ce que les enfants soient bien élevés. Exercer notre métier est une chance, car nous avons finalement la possibilité de nous mettre chacun à notre tour, ou presque, en « congé parental ».

C.S. : Vous n’êtes pas triste en tournée, loin des vôtres ?

F.G. : Si c’était le cas, je n’aurais qu’à exercer un autre métier ! (Rire.) Disons que partir de cette façon est une certaine forme de luxe. Je n’ai plus à m’occuper que de moi ! C’est agréable, même si je suis contente de rentrer et de retrouver mes petits.

C.S. : Après votre spectacle, c’est au tour de Michel Berger de penser à préparer le sien ?

F.G. : D’abord, son album ! Mais c’est vrai qu’il réserve des surprises. Il a peut-être envie de monter quelque chose dans le style comédie musicale. Mais il ne sait pas encore et il vous le dira lui-même, quand il sera prêt.

C.S. : L’opération Action école, que vous aviez montée au temps où Daniel Balavoine était encore en vie, fonctionne toujours bien ?

F.G. : Oui, et sans cesser de la cautionner et de veiller à la bonne marche des opérations, nous passons la main à Médecins du Monde. Ce sont des spécialistes des problèmes du tiers monde, et ils nous ont semblé parfaits pour assurer la relève. Les enfants des écoles sont toujours enthousiastes pour aider ceux qui sont plus défavorisés qu’eux, et c’est vraiment très réconfortant !

Magazine : Intimité
Interview : Claudine Sanford
Date : Novembre 1987
Numéro : 2192

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