Michel Berger arraché à l’amour des siens
(Presse) Télé Poche

« Ne laissez pas passer les rêves ! »

Après quatre années de silence, France Gall venait d’enregistrer son tout dernier album avec Michel Berger, l’homme de sa vie et de ses chansons depuis 19 ans.

Aujourd’hui, le rêve s’est envolé … Michel Berger, victime d’une crise cardiaque a quitté sa famille, ses copains …  

Ils partageaient tout. L’amour tout court et celui de leurs deux enfants, Raphael, 11 ans et Pauline, 13 ans. Le succès. L’inspiration. Les copains. La difficulté d’être ou la joie de vivre. La vie, tout simplement ! Depuis dix-neuf années, Michel Berger et France Gall, le couple le plus solide et le plus discret du showbiz, semblait indestructible. Pourtant, dimanche 2 août 1992, à 22 heures, le chanteur, transporté a l’hôpital de Saint-Tropez, succombait a une crise cardiaque.

Il était dans sa quarante-cinquième année. Michel était venu se reposer avec France dans leur propriété de Ramatuelle.

Après quatre années de silence, le couple revenait, en duo, sur le devant de la scène avec un superbe cadeau : un album au titre symbolique « Double jeu ». Pour la toute première fois, ils avaient mêlé leurs voix. Leurs talents. Leurs émotions. Pour les livrer, à l’automne, sur la scène parisienne de La Cigale. Ce disque, c’était comme une renaissance. Une seconde déclaration.

« Après ce silence, nous repartons sur la route, confiait France à leur copain de toujours Johnny Hallyday. Rien n’est facile. Tu nous connais ! Nous travaillons dans la douleur.

Je croyais être devenue muette … Mais l’envie de chanter et de créer est revenue. C’est merveilleux. Je suis bouleversée. »

Berger chantait son amour, ses espoirs

Chez les Berger, on ne « sort » pas un disque, comme ça, pour être classe dans le Top.

« J’ai besoin d’avoir besoin », expliquait Michel a la sortie de « Double jeu », en juin dernier. Même désir pour France Gall qui voulait ressentir très fort des sentiments pour les livrer devant un micro. « Je n’ai envie de travailler avec personne d’autre que Michel. Nul autre que lui ne me connait aussi bien. Aucune autre musique ne me touche comme la sienne. »

Révolté tranquille, Michel Berger chantait ses colères, son amour, ses espoirs et ses combats, sans agressivité, refusant le label trop « intello » de « chanteur engage ». A l’instar des grands poètes, Michel Berger se considérait parfois comme un incompris. Souvent à son propos, le terme « d’écorché vif » revenait sur le tapis.

« Certains m’estiment froid, blasé et docile … Alors que je suis tout le contraire ! »

Puis, illico, le chanteur compositeur faisait son mea culpa. « C’est ma faute, je suis un ado attardé et la difficulté que j’éprouve à m’exprimer n’arrange rien. »

C’est certainement son côté adolescent qui le rapprochait de la mort par la pensée.

« J’y songe énormément. Je vis comme si je devais mourir demain. »

Son disque, « Ça ne tient pas debout » l’évoque tout le temps, sans jamais l’aborder directement.

Plus grand-chose à prouver côté musique !

Michel Berger souhaitait se tourner vers le cinéma.

« Comme les chansons, le cinéma est un excellent remède contre les malheurs. C’est un bon moyen pour rêver. » Il devait réaliser « Totem ». Pas pour flatter son ego, mais pour filmer la vie des Indiens de Colombie-Britannique.

« Un jour, j’irai là-bas … »

Ouvert sur le monde, les hommes et leurs différences, Michel Berger était également préoccupé par l’environnement : la folie des hommes mettant en péril l’avenir de la planète.

« L’Antarctique, c’est l’image de ce qu’était la Terre au début. C’est mon fantasme. Pour moi, c’est un endroit très important. Le jour où j’en aurai marre d’être pendu au téléphone, j’irai là-bas ! »

II n’y aura donc pas de fans en délire pour venir ovationner ce couple mythique de la chanson française, à La Cigale. Pas de rappels. Plus d’après. Les voix de Michel Berger et de France Gall ne font qu’une désormais, et résonnent pour l’éternité.

Les mélodies du bonheur

L’année de ses quinze ans, Michel Berge, compose « Les girafes » pour Bourvil. Son premier disque « Puzzle » n’a pas marché. Mais, Michel Berger se rattrape. II découvre Véronique Sanson et offre a Françoise Hardy un nouveau départ avec « Message personnel » et « Je suis moi ». Berger fait prendre a France Gall, qui n’est pas encore sa femme, un virage avec « Si on pouvait vraiment parler ». Les année 70 marquent le début de leur collaboration artistique et de leur amour. France se targue d’avoir, la première, eu l’idée de travailler avec Michel. En 78, Berger s’attaque avec le succès que l’on connait à un opéra-rock qui s’exportera même en Angleterre et en Russie ! « Starmania », grande première française écrit avec Luc Plamondon, devient une référence. Un tremplin pour Daniel Balavoine et Fabienne Thibeault. Avec « La légende de Jimmy » il récidive. Entre temps, il compose « La groupie du pianiste ». Pour son copain Johnny, Michel écrit « Quelque chose de Tennessee ».

Magazine : Télé Poche
Par Isabelle GAUDON
Date : 10 août 1992
Numéro : 1383

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