Les jardins secrets de France Gall (Presse)

Retranscription intégrale de l’article

Le chemin qui serpente entre les jardins mène à un portail de bois. Soigneusement clos. Derrière, une grande maison 1930 est enfouie sous les arbres.

C’est là que France Gall a choisi d’abriter sa vie privée. On se croit très loin de la vie trépidante de Paris et pourtant la capitale est à moins de quinze kilomètres. Là, au milieu de ces jardins secrets, l’ex-idole du temps des yéyés, n’est plus que la femme du chanteur-compositeur Michel Berger et la mère de ses deux enfants, Pauline, cinq ans, et Raphaël, trois ans. Une mère qui tient jalousement à les préserver des rumeurs de sa célébrité. Car celle qui, à 16 ans, quittait le lycée pour enregistrer son premier disque. « Ne sois pas si bête », à 17 chantait son premier tube, « Sacré Charlemagne », et à 18 gagnait le Concours Eurovision de la chanson avec « Poupée de cire, poupée de son », trouve, avec le temps, un goût amer à ses succès précoces : « Mon adolescence ? Je suis passée complètement à côté. Tout m’est arrivé trop vite, trop facilement. Un tube, par ci, par là ! Puis le Concours Eurovision ! A 18 ans, j’avais déjà fait le tour du monde, sans rien voir d’autre que les scènes, les loges des music-halls et les chambres d’hôtels. Pas le temps de visiter ! Le succès est un sacré bolide. Pas moyen de descendre en marche … Dans ce marathon, mon père, Robert Gall, m’accompagnait et me protégeait. Je lui dois beaucoup. Il a eu l’intelligence de comprendre que la chanson, à cette époque, était tout pour moi. C’est lui qui a accepté que je quitte le lycée pour enregistrer mon premier disque. Il était super-doué. Il avait décroché, dans sa jeunesse, un premier Prix de chant au Conservatoire, puis avait bifurqué vers la composition. Très recherché, il écrivait pour les grands de la chanson, Édith Piaf et Charles Aznavour, qui a promené sa « Mamma » sur toutes les scènes internationales. Pour moi, il a écrit « Sacré Charlemagne ». Un joli cadeau. Sous l’aile de mes parents, je suis restée « petite fille » très longtemps ».

Quand la vague yéyé retombe, France Gall connait une période grise …

« Marquée par les tubes de mon adolescence, je n’arrivais pas à convaincre les gens que, moi, je n’étais plus la même. Ma rencontre avec Michel Berger a tout changé, c’est la seule personne avec laquelle j’ai envie de travailler. D’ailleurs, c’est moi qui ai fait les premiers pas, je lui ai téléphoné pour le voir … Et cette entente autour d’un clavier s’est transformé en un sentiment très tendre qui nous a profondément marqués l’un et l’autre. Nos sensibilités correspondaient. En interprétant ses chansons, je me suis enfin montrée telle que j’étais vraiment. » Dix ans après cette rencontre décisive, Michel Berger écrit toujours pour France. Leur nouvel album, « Débranche », est de la même veine que « Tout pour la musique » ou « Résiste ». Autant de titres, autant de cris du cœur pour la petite France Gall -1,53 m – qui ne vit que pour la musique, qui « résiste » au vedettariat, et qui « débranche » volontairement une année sur deux pour vivre pleinement sa vie d’épouse et de mère.

« Après le grand boum du Palais des Sport de Paris en 1982, où j’ai chanté cinq semaines d’affilée, je me suis offert un voyage en Chine avec Michel, en amoureux. J’ai rapporté quantité de soieries et de bibelots … et une bonne dose de sérénité. Depuis, je me prépare calmement à ma rentrée 84, qui sera une année terriblement chargée : « Formule 1 » le 6 avril, « Champions » en mai, « Champs-Élysées » en juin. Et, en septembre prochain, j’ai fait le pari de remplir « Le Zenith », la nouvelle salle de la Porte de Pantin, 6 000 places, pendant un mois ! » Le soir de cette première prendra sûrement place, au premier rang, l’ami Coluche qui est accouru spécialement de Rome pour participer à l’enregistrement de « Formule 1 », les cheveux teints, mi-rose, mi-verts. Entre le grand Coluche et la petite France, une amitié est née, faite de fous rires et de complicité. « Il m’a cédé sa cuisinière, raconte France, mais, en contrepartie, il vient souvent dîner à la maison … pour ne pas perdre le goût des bons petits plats de son ex-cordon bleu ! »

Lise GENET – Photos J.J. Descamps

Magazine : Télé 7 Jours
Date : Mars 1984
Numéro : inconnu

Les pages de l’article

À découvrir

France Gall Collection est sur YouTube

France Gall en vidéo

À découvrir