France Gall, ma vie après Michel Berger
(Presse ) VSD

France Gall et Françoise Hardy ne s'étaient plus revues depuis huit ans. Elles se connaissent depuis quarante ans, ont connu le succès à la même époque, celle des yé-yé.

Elles ne s’étaient plus revues depuis huit ans. Elles se connaissent depuis quarante ans, ont connu le succès à la même époque, celle des yé-yé.

Françoise est la plus grande « fan » de France.

Et cette dernière n’en revient toujours pas que l’interprète de Message personnel ait accepté de participer à son émission sur France 2. Un profond respect et une réelle affection unissent les deux femmes, même si elles ne se voient que très rarement. Ainsi, avant cette rencontre, elles ne s’étaient pas vues depuis le mariage de Michel Sardou avec Anne-Marie Périer, il y a huit ans.

Les retrouvailles se tiennent dans l’appartement parisien de France Gall. Dans le salon, le piano de Michel Berger est toujours là. France Gall a retrouvé les nombreuses lettres que Françoise leur avait envoyées. Tout se prêterait à la nostalgie et pour autant les deux femmes rieront beaucoup lors de cet entretien. Elles réécouteront aussi une chanson de Michel Berger, une face B méconnue, que Françoise Hardy adore. Au moment de se dire au revoir et de s’embrasser, France part à la recherche de son appareil photo. Elle immortalise sa copine, sur le départ. Bonnet sur la tête, Mme Hardy s’engouffre dans l’ascenseur. Moments choisis de cette rencontre.

L’après chanson

FRANÇOISE HARDY : Je me souviens d’une discussion que nous avions eue ensemble à la fin d’un de tes concerts dans les années quatre-vingt. Nous étions dans ta loge et tu parlais de l’âge auquel tu arrêterais de chanter.

FRANCE GALL : (Rires.) Évidemment, je me revois nous dire qu’il fallait arrêter de chanter après 40 ans.

FRANÇOISE HARDY : Et naturellement Michel était d’accord avec nous. On pensait qu’il était grotesque que des quadras puissent continuer à chanter des chansons remplies de « Je t’aime ».

FRANCE GALL :  Moi, j’avais repoussé la limite d’âge à 50 ans et, finalement, je m’y suis tenue. J’ai arrêté à 49 ans et demi. C’est incroyable!

FRANÇOISE HARDY : Tu as davantage respecté tes intentions que moi. Mais aujourd’hui, cela ne te manque pas ?

FRANCE GALL :  Pas du tout. J’adore regarder les autres. Le fait de vous avoir tous revus chanter la musique de Michel dans cette émission fut un plaisir immense.

FRANÇOISE HARDY : En ce qui me concerne, c’est difficile de me passer de la chanson. Mais comment occupes-tu tes journée?

FRANCE GALL :  (Rires.) Cela dépend où je me trouve. Si je suis à Paris ou au Sénégal, là où je passe l’hiver. Je m’organise une vie relativement douce. J’ai besoin de douceur. Je ne m’impose aucune obligation.

Michel Berger

FRANÇOISE HARDY : Une partie de sa musique est très intemporelle. Mais à quoi ressemblerait-elle aujourd’hui ?

FRANCE GALL :  Sa musique ressemblerait à ce qu’il serait aujourd’hui. Elle a toujours été en phase avec lui.

FRANÇOISE HARDY : Tu chanterais peut-être encore, s’il était là. Il te pousserait, non ?

FRANCE GALL :  Si je ne chante pas en ce moment, c’est uniquement une question d’envie. Ce n’est pas lié au départ de Michel. D’ailleurs quand il est parti, j’étais en plein rush. Je m’apprêtais à faire une tournée, que je n’ai pas annulée. J’ai beaucoup chanté après son départ, je me suis même noyée dans la chanson. Non, définitivement mon moteur pour chanter, c’est avant tout l’envie. Peut-être que mon envie reviendra un jour.

FRANÇOISE HARDY : Si, demain, on te propose une chanson absolument géniale. Cela peut ressusciter une envie?

FRANCE GALL :  Peut-être, mais je ne voudrais pas que cette réponse engendre l’envoi d’un tas de chansons (rires).

FRANÇOISE HARDY : Tu en reçois beaucoup … Moi aussi et comme je n’ose pas jeter, je garde tout, j’entasse et puis, au bout de six mois, parce que je n’ai pas le temps de tout écouter, je finis par me résoudre à m’en séparer.

FRANCE GALL :  En fait, Françoise, je crois que je n’aime pas être dirigée, tout bêtement (rires).

La pudeur

FRANÇOISE HARDY : Les gens qui chantent, racontent des sentiments et des émotions. Ça veut dire que c’est notre domaine et que cela nous intéresse. En tout cas, moi, ta vie personnelle m’intéresse.

FRANCE GALL :  Françoise, je te rappelle que cette discussion est enregistrée pour VSD (rires). Mais c’est vrai qu’il n’y a qu’à écouter les chansons de Michel, qui était pourtant très pudique, pour tout connaître de sa vie, de nos vies. C’est incroyable. Alors je n’en dirai pas plus. Je ne parlerai pas non plus publiquement de Raphaël, mon fils, l’amour de ma vie. J’aime le mystère. Pourquoi faudrait-il tout savoir des gens ? C’est malsain.

FRANÇOISE HARDY : Y a-t-il des chansons que tu ne peux plus écouter?

FRANCE GALL :  Il y a des chansons de Michel que je n’aime pas mais aucune que je ne puisse plus écouter. Celle que je trouve la plus triste, c’est Bébé comme la vie. Effectivement, celle-ci, j’aurai du mal à la réécouter.

FRANÇOISE HARDY : C’est une belle chanson sur le temps qui passe, sur la maternité, mais c’est vrai qu’elle est plus chargée pour toi.

FRANCE GALL :  Une chanson de Cabrel me fait aussi cet effet-là : Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai. Une chanson pour sa fille également.

France Gall

FRANÇOISE HARDY : Tu te souviens comment te surnommait Jean-Marie Périer ?

FRANCE GALL :  Oui, “la marquise”, et toi, il t’appelait « la cantatrice ».

FRANÇOISE HARDY : Il a raison, tu es une marquise de la chanson. Quelqu’un qui chante extraordinairement bien. Mais ce que tu as de spécifique, c’est que tu as du gout dans le choix de tes chansons.

FRANCE GALL :  C’est parfait ça! Tu as bien fait de venir Françoise (rires) !

FRANÇOISE HARDY : Tu travailles ta voix?

FRANCE GALL :  Je ne l’entretiens pas, mais je connais le travail de respiration à accomplir pour récupérer du souffle et de la puissance vocale.

FRANÇOISE HARDY : Tu as voté lors des dernières élections ?

FRANCE GALL :  Bien sûr, c’est un privilège. J’étais comme tout le monde, j’ai hésité jusqu’au dernier moment. Tout le monde sait que je suis une femme de gauche, mais je trouve assez intéressant l’ouverture politique qui se produit actuellement.

FRANÇOISE HARDY : Et que penses-tu de l’affaire de l’Arche de Zoé?

FRANCE GALL :  Cette histoire est la démonstration parfaite du mal que peuvent faire des gens de bonne volonté.


France Gall et Françoise Hardy ne s'étaient plus revues depuis huit ans. Elles se connaissent depuis quarante ans, ont connu le succès à la même époque, celle des yé-yé.

Coulisses.
L’émission-événement de france 2.
Quand France met en scène.

Le 21 novembre, à 20h50, un nouveau genre de variétés sera diffusé. Un véritable film dévoilant les répétitions d’un show auquel participe vingt stars de la chanson française.

Ce n’est pas une émission de variété comme les autres. D’abord, parce que France Gall joue à sa manière le rôle de l’animatrice; ensuite, parce que le programme est construit comme un véritable film, réalisé par François Hanss, dévoilant les répétitions d’un show. Le concept, produit par Franck Saurat, a immédiatement séduit Nicolas Pernikoff, patron des divertissements de France 2.

A l’origine du projet, France Gall, évidemment.

« J’ai décidé avec qui je voulais travailler mais je n’avais jamais envisagé de m’impliquer autant à l’antenne. Rapidement, il s’est révélé impossible que je n’accueille pas personnellement à l’image les vingt artistes venus fêter la musique de Michel. »

Pendant deux heures, la caméra nous entraîne dans les coulisses d’un gigantesque show et, dès que les artistes pénètrent dans le décor, ils sont filmés. Le résultat offre une spontanéité tout à fait originale pour ce type d’émission. Tellement originale qu’elle en désarçonnait parfois les artistes eux-mêmes.

« Johnny était un peu tendu. Il se préparait depuis cinq jours pour l’enregistrement de «Quelque chose de Tennessee ».

Le voyant faire du sport et se mettre au régime comme pour une tournée, son entourage ne comprenait pas. Il leur a dit qu’il faisait ces efforts parce que c’était pour moi! »

Répondre à une invitation de France Gall prend ainsi des allures de mobilisation générale dans le monde de la chanson française. Le projet fut lancé en septembre et en seulement deux mois, le casting fut monté.

« J’ai été complètement bluffée par la réactivité des artistes. Ma liste idéale était quasiment identique à la liste finale des invités. D’autant que, mis à part Johnny, avec qui j’avais gardé un lien, je ne les avais pas vraiment revus depuis quinze ans. »

Des retrouvailles pleines d’émotions, comme pour ce medley réunissant Laurent Voulzy, Alain Chamfort, Michel Jonasz ou Louis Chédid. France Gall a également découvert toute une nouvelle génération d’interprètes comme Christophe Willem, Amel Bent, Christophe Maé, Leslie ou Diam’s, que France n’a rencontré que sur le plateau.

« J’étais très angoissée par ce tableau avec Diam’s. Je n’avais pas pu la croiser avant, je ne savais pas ce qu’elle avait réellement préparé. Ma règle de base consiste à ne faire confiance à personne pour ne jamais être déçue. Je ne maîtrisais rien, donc j’avais un peu peur du résultat. En fait, ce fut magique. Diam’s fut celle qui avait le plus travaillé. Elle ne connaissait pas la musique de Michel, alors elle avait cherché sur Internet et pris deux titres « À quoi je rêve » et « Laissez passer les rêves ». Sans le savoir, elle avait choisi la première et la dernière chansons composées par Michel. Elle a mélangé les deux. Au final, Diam’s a réalisé une vraie création. »

Il est vivement conseillé d’enregistrer l’émission car aucun disque ne sortira après la diffusion. La version de « Chanter pour ceux » par Christophe s’annonce grandiose, tout comme « La déclaration d’amour » par M et Vanessa Paradis, « Ziggy » par Céline Dion, « Message personnel » par Françoise Hardy.

Magazine : VSD
Propos recueillis par Matthias Gurtler
Date : 14 novembre 2007
Numéro : 1577

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