Pour France Gall, le petit Babacar est bien plus qu’une chanson … (presse)

L’article retranscrit

Une Africaine famélique et désespérée, les seins déjà flétris par trop de misère et de faim.

Quand France Gall, la belle blonde, est passée dans son village au fond de la brousse du Sénégal, cette maman lui a tendu son bébé de six mois, son petit Babacar.

« Prends-le », lui a-t-elle dit. Un geste qui crucifiait cette mère mais sauvait son petit. Un geste que France Gall ne pourra jamais oublier.

La sécheresse, la désertification l’une partie de l’Afrique, s’incarnaient dans cette image insoutenable. « Je ne pouvais le lui enlever, raconte, pudique, la chanteuse. Mais j’ai choisi de veiller sur lui, de loin ».

Et le petit Babacar allait devenir à un fois déclic et symbole de l’engagement authentique de France Gall.

Babacar et sa maman, elle les a installés dans un deux pièces, à Dakar, la capitale. « J’ai aussi offert des cours de broderie à la maman », sourit France Gall.

Un toit et un métier, le comble du luxe là-bas !

À Pauline, huit ans, et Raphaël, six ans, ses enfants, France Gall raconte tout : « On a comparé avec leur vie. Ils ont compris. Ils sont heureux d’avoir un « petit frère » africain. Ils l’attendent avec impatience ».

A trente-neuf ans, France Gall, silhouette d’une adolescente dans un pull trop large, et son mari, Michel Berger, font partie de ces vedettes qui mettent leur talent au service des enfants défavorisés.

Il y a eu Band Aid, l’organisation humanitaire de Bob Geldorf. Le disque Do they know it’s Christmas et le concert du siècle « Live Aid » ont rapporté 800 millions de francs destinés à la lutte contre la faim.

Il y a eu l’action du regretté Daniel Balavoine, en 1986, pour sensibiliser les lycéens et offrir de l’eau au Sahel. Il voulait y installer des pompes.

L’homme au cœur d’or, mort dans l’hélicoptère du Paris-Dakar …

Pour France Gall, il y a eu surtout Babacar.

« Je ne supporte plus que mes enfants ne finissent pas leur assiette. La dernière fois, Raphaël ne voulait pas manger sa soupe. Je lui ai dit :

« Babacar ne serait pas content ». Avec un sourire aux lèvres, il a mangé. »

Michel Berger en a fait une rayonnante chanson d’espoir : Babacar.

Petit bébé noir promis à la malnutrition, peut-être à la mort, Babacar est devenu un symbole : « Quand on découvre les conditions de vie en Afrique, au Mali par exemple, dit France Gall, on est écrasé par tout ce qu’il faudrait faire. Prenez l’eau. Chaque goutte là-bas, c’est la vie. »

Star du show-biz, femme, mère de famille, elle puise dans l’amour son équilibre : « J’aime passionnément mon métier et mes enfants. Ce que je fais pour l’un et pour l’autre, je le fais avec plaisir. La tâche devient récompense. Seules les choses qu’on fait à contrecœur fatiguent. »

Tenace et discrète, France Gall poursuit l’œuvre de son ami Balavoine sans porter en bandoulière une charité exotique. Il s’agit de susciter des comités d’action dans les écoles, regroupant de 25 à 50 élèves. Deux objectifs : populariser la solidarité et procurer de la nourriture au Mali, Niger, Tchad, Soudan, Éthiopie.

Sœur Térésa, France Gall, même combat ?

« Restons lucides et décents, dit-elle, je ne peux me comparer à cette femme admirable »

Mais France Gall parle peu, modeste, de tout l’argent qu’elle donne aux pays du Sahel, par solidarité.

Militante au cœur d’or, la vedette se prépare pour deux événements : le sommet contre la faim qui aura lieu à Paris, dans trois semaines. Un sommet « anti bla bla», espère-t-elle, qui lui permettra de lancer de nouvelles actions pour les enfants défavorisés. Et puis son nouveau spectacle au Zénith à partir du 12 novembre. « La scène, avoue-t-elle, est une pièce de ma maison ».

Toute la famille sera là, y compris Babacar, invité d’honneur au premier rang pour écouter la chanson qui lui est dédiée.

Une chanson d’amour et de foi. Un cri d’espoir.

Magazine : Maxi
Article de Mohamed Bogart
Date : 19 au 25 octobre 1987
Numéro : 51

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