France nous parle de Patrice
(Presse) Bonne soirée

Je l’adore ! C’est mon frère, me direz-vous.

Mais je peux vous assurer que j’adore sa façon de chanter, sa voix, ses chansons, simplement parce que ce qu’il fait est excellent !

On s’entend très bien. Nous ne nous sommes jamais disputés ou taquinés étant petits, comme le font certains frères et sœurs. J’ai toujours eu de très bons rapports professionnels avec Patrice et une entente complète au point de vue musical. Je l’ai chanté plusieurs fois : « Celui que j’aime », « La Guerre des Chansons » et « Le Temps de la Rentrée ».

C’est après son bac qu’il a commencé à écrire des chansons. À cette époque, il voulait devenir ingénieur ou quelque chose dans ce genre, mais tout le monde l’a incité a chanter. Il s’est enfin décidé.

C’est un poète, souvent dans les nuages, pas physionomiste, il ne reconnait jamais personne (comme sa sœur ! chez moi, c’en est un drame). A part cela, il a un caractère merveilleux, pas rancunier du tout.

Notre enfance fut extraordinaire, pleinement heureuse. Nous étions une famille très unie, papa, maman et mes deux frères. Oui, j’ai un autre frère, Philippe ; c’est un garçon trop timide, très réservé, extrêmement musicien, le plus musicien de nous tous, mais je ne suis pas ici pour vous parler de lui !

Nous continuons à vivre tous ensemble, à nous retrouver chaque année dans la maison de Noirmoutier où nous passions nos vacances étant enfants. Je suis assez renfermée ! Je ne sors pas tellement. J’aime être avec des gens que j’aime, et il y en a peu. Mes meilleures amies sont restées mes amies d’enfance et mes cousines. Dans le métier, j’ai un tas de copains, de copines mais pas d’amis ! …

Quand j’ai commencé à chanter, Patrice était toujours près de moi. Il me suivait dans mes tournées, mes galas, j’étais une petite fille qui venait de quitter l’école en troisième.

J’étais triste, j’abandonnais mes petites amies avec qui j’allais en classe depuis la maternelle ! Je voulais devenir interprète. Pourquoi interprète ? Je n’en sais rien. Puis ce fut mon premier disque, et depuis tout a marché comme sur des roulettes. Je suis restée trois ans sans prendre de vacances. J’avais amassé une telle dose de fatigue que j’étais perpétuellement grognon et capricieuse.

Patrice m’aidait a tout supporter, mais il me reprochait et me reproche toujours mes caprices et une certaine décontraction et inconscience qu’il ne comprend pas ! J’ai fait un métier de femme très jeune, encore enfant, c’est certainement dû a cela ! Quand Patrice a choisi son nom, il était très ennuyé : il avait peur qu’on l’accuse de profiter du nom de Gall et d’en faire une affaire de famille. Il voulait simplement s’appeler « Patrice ». Mais il s’est rendu compte que tout le monde le connaissait sous le nom de Patrice Gall, et de plus, Gall étant notre nom véritable, pourquoi changer ?

« J’aimerais beaucoup chanter en duo avec lui, il faudra y songer. Pour l’instant, je suis débordée : La Maquillagerie France Gall, vient de démarrer. Toute une gamme de produits de beauté allant du vernis à ongles au blush, en passant par les rouges a lèvres qui portent le nom de mes chansons : « Le rose sucette », le « Vernis baby-bop », etc.

J’ai eu un travail fou avec tous ces préparatifs. Mais il y a longtemps que je voulais faire autre chose a côté de la chanson ; comme je suis très coquette (Patrice se moque souvent de moi) et adore me maquiller, j’ai pensé tout naturellement au maquillage.

Voilà en quelques mots nos dernières nouvelles. Le premier disque de Patrice « marche » très bien, et j’en suis ravie. Sa carrière semble démarrer d’une façon formidable. Papa (Robert Gall) l’encourage, comme il m’a encouragée a mes débuts. Il s’y connait, papa, en « chansons », il en a tellement écrit pour les autres ! Mais il n’a jamais cherché a nous influencer. Il nous laisse nous en donner à cœur joie.

Magazine : Bonne Soirée
Par Frédérique Mory
Date : 26 mai 1968
Numéro : 2415

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